La technologie est à la base de l’innovation. Par ce biais, elle a constitué le moteur de la Révolution industrielle [1] et reste aujourd’hui encore un des principaux moteurs de l’économie et de la consommation. En étant au service de la nature humaine (son besoin de renouvellement, de confort) et des entreprises (leur nécessité de rentabilité, de rendement), la technologie permet aux entreprises de proposer continuellement de nouveaux produits aux consommateurs, contribuant ainsi fortement au consumérisme effréné. Ce faisant, la technologie contribue fortement à soutenir la croissance économique et à rendre ainsi notre civilisation insoutenable. Par ailleurs, le progrès technologique participe à l’amélioration de la vie matérielle des individus, des familles et des populations, que l’on pense à ses bienfaits sur la santé, l’alimentation ou le confort matériel. Il procure ainsi une certaine qualité de vie et une certaine forme de bonheur. Néanmoins, les différentes innovations technologiques peuvent avoir des conséquences bénéfiques autant que nuisibles selon la façon dont on utilise ou le contexte dans lequel elles apparaissent. Les possibilités qu’offrent Internet et l’utilisation que l’on en fait en représentent un exemple typique.
La technologie est une caractéristique qui distingue l’être humain du reste de la nature. Elle s’étend de la fabrication des premiers outils de pierre aux voyages interplanétaires. Au sens large, la technologie inclut l’agriculture et l’urbanisation, deux phénomènes strictement humains, ou presque. Seuls peut-être le nid des oiseaux, les termitières, les ruches et l’utilisation « d’outils » par certains animaux tels les chimpanzés [2], les castors et certains oiseaux fournissent une vague comparaison possible. Ils montrent que l’Évolution a utilisé à plusieurs reprises des stratégies similaires puisque certaines caractéristiques proprement humaines se retrouvent chez d’autres espèces. Par exemple, au-delà de l’utilisation d’outils, certains animaux ont eux aussi des comportements sociaux organisés, au premier rang desquels les primates mais aussi les dauphins, les éléphants et les fourmis [2]. L’intelligence est un autre trait distinctif, mais là encore nous ne sommes pas les seuls animaux à en être pourvu (corvidés, dauphins, singes, etc.). Cependant, l’Homo sapiens se distingue très nettement par le degré avec lequel ces caractéristiques se sont développées chez lui.
L’être humain a en effet des facultés cognitives inégalées dans la nature. Elles lui permettent d’explorer le monde qui l’entoure aussi bien mentalement que physiquement. Son habileté technologique lui permet de parcourir les terres et les mers, et dorénavant les abysses et l’espace. Il cherche aussi à décrire et à expliquer la Terre, l’univers, la vie et la matière. Il les théorise, les explique et tente de les prédire. La connaissance a de plus cette particularité d’être une « matière » qui s’accumule. L’être humain n’a pas à renouveler continuellement le savoir, car chaque génération peut s’appuyer sur la somme des connaissances accumulées par les générations précédentes. L’Homo sapiens peut transmettre son savoir et son savoir-faire à ses contemporains et à ses descendants, ce qui lui a permis de faire des progrès technologiques fulgurants.
Pourtant, si la science et sa fille, la technologie, ont contribué au succès matériel des êtres humains, elle n’a jamais empêché la pauvreté et on sait maintenant qu’elles contribuent à menacer la civilisation par les dégradations écologiques qu’elles engendrent. Si des raisons profondes de ce problème tiennent au système économique capitaliste, donc à des raisons culturelles, d’autres causes tiennent aussi à certaines propensions reliées à la technologie comme la multiplication et la complexification des produits industriels. D’autres raisons tiennent à certaines caractéristiques intrinsèques de notre technologie qui la distinguent de la nature et qui s’y opposent.
Bibliographie
[1] R. C. Allen, Global economic history – A very short introduction. (Oxford university Press, New York, 2011).
[2]. R. Boyd, J. Silk, L’aventure humaine – Des molécules à la culture. (De Boeck, Bruxelles, 3e ed., 2004).