vendredi, octobre 4, 2024

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L’illusion des effets bénéfiques du réchauffement climatique

En plus de risquer à plus ou moins long terme de faire entrer les populations et les sociétés dans un régime climatique instable et désastreux, le réchauffement planétaire a des effets complexes, souvent inattendus et parfois imprévisibles sur la faune, la flore et les écosystèmes. Il serait illusoire et dangereux de s’imaginer que le réchauffement climatique puisse avoir des effets bénéfiques pour les êtres humains.

Certaines personnes, de bonne ou de mauvaise foi, avancent que les changements climatiques peuvent avoir des effets bénéfiques pour les êtres humains, notamment grâce à l’augmentation de la productivité des plantes et des cultures.  Et c’est vrai, le réchauffement climatique peut dans certaines régions améliorer la croissance de certaines plantes.  Au Québec par exemple, le réchauffement climatique pourrait être bénéfique pour la production vinicole [1], tout au moins jusqu’à certaines températures.

Le danger d’un dérèglement du climat pour la société

Ce genre d’arguments est en fait dangereux, et même pernicieux, car les effets néfastes du réchauffement sont bien plus grands et bien plus nombreux que les avantages potentiels. Car modifier le climat terrestre comme nous le faisons peut conduire à terme à le dérégler carrément. Si l’on continue nos activités comme si de rien n’était, le climat pourrait entrer dans un régime nouveau et instable. Les modifications du climat, conjointement à la détérioration progressive des écosystèmes, pourraient atteindre un point de basculement, évoluer de façon non linéaire et conduire le système Terre à atteindre des conditions de vie préjudiciables aux populations et au fonctionnement des sociétés.

Nous pourrions atteindre des conditions terrestres qui ne sont sans doute pas propice à la prospérité de  l’espèce humaine voire devenir ultimement impropres à la survie de l’espèce humaine. Rappelons-le, Homo sapiens est apparu et a évolué au cours de la période Quaternaire, c’est-à-dire dans des conditions somme toute bien spécifiques. Avec ce que l’on sait, y a-t-il encore quelqu’un qui pense sérieusement qu’un climat plus chaud sera plus confortable ou plus avantageux ?

À elle seule, la vitesse de transformation du climat est menaçante. Elle l’est car des changements rapides signifient que nous nous dirigeons rapidement vers un régime climatique inconnu et parce que nous ne parviendrons probablement pas à nous y adapter ni techniquement ni sociétalement. Comment ajuster les cultures (cultivars, arrosage) à un endroit donné, par exemple les vignes, à des températures continuellement changeantes ?

Si on ajoute à cela une pénurie à venir de certaines ressources, les activités humaines pourraient être foncièrement mises à mal. En fait, si rien n’est fait, c’est une certitude que l’on parvienne à un point où la dégradation de l’environnement occasionne plus de torts que nous ne tirons de bienfaits de notre système technoscientifique actuel régi par la croissance économique.

En premier lieu, le réchauffement climatique se manifeste par l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes (tempêtes, inondations, canicules, sécheresses, feux de forêt). Ces conséquences ont déjà commencé, les liens entre des événements précis et les changements climatiques étant établis de plus en plus clairement [2].

Les avantages du réchauffement climatique pour les êtres humains, s’ils existent, ne sont que ponctuels. Vouloir tirer profit à plus ou moins long terme de potentiels effets positifs du réchauffement n’est rien d’autre qu’une tentative pour spéculer et jouer à l’apprenti-sorcier. Il faudrait être présomptueux, et en fait irresponsables, de penser que nous serons capables de tirer profit d’une quelconque façon d’un climat que l’on ne peut pas contrôler.

L’incertitude de l’effet du climat sur la nature

Le climat peut affecter directement les conditions de vie et la santé des populations, mais il peut aussi avoir des impacts sur la nature et interagir avec elle. C’est notamment le cas pour la végétation : le développement des forêts par exemple est affecté par la hausse de la température terrestre, ce qui peut avoir un impact sur le captage du carbone par les arbres, donc sur le climat, qui lui-même influence les forêts, etc.

En général, du fait du réchauffement, les espèces migrent vers des latitudes ou des altitudes plus élevées. On l’a vu récemment avec l’arrivée au Québec de la veuve noire du nord (Latrodectus variolus), à ne pas confondre avec la redoutable veuve noire (Latrodectus hesperus) [3]. Cette migration ne se déroule pas nécessairement au même rythme pour les différentes espèces, ce qui pose différents problèmes comme la compétition entre espèces indigènes et espèces « envahissantes » et donc la capacité des premières à ne pas être supplantées par les secondes. On peut aussi se demander si les espèces auront la faculté de s’adapter à des variations climatiques aussi rapides.

La hausse de la température induit généralement un printemps plus hâtif et un automne plus tardif. Souvent donc, on observe un bourgeonnement et une floraison plus précoces des plantes et des arbres au printemps,  ainsi qu’une perte des feuilles plus tardive à l’automne. La durée de la période de croissance est donc allongée.

Cependant, d’autres facteurs doivent être pris en compte comme l’humidité ou les sécheresses, la durée d’ensoleillement (photopériode) ou la sensibilité au froid. L’effet de ces paramètres peut dépendre des espèces, de la latitude ou de la longitude et du type d’habitat. De grandes incertitudes demeurent concernant les interactions entre les différents paramètres climatiques et leurs conséquences sur les écosystèmes. Il est donc extrêmement difficile d’anticiper. Deux études récentes viennent encore de nous le rappeler.

La première étude montre que la végétation des tourbières boréales peut être plus productive jusqu’à un certain point quand la température augmente, mais qu’elle peut devenir vulnérable au gel si l’on ne stabilise pas nos émissions de GES, donc si la température augmente trop. Dans la seconde étude, la productivité de la forêt boréale semble s’accroître jusqu’à une élévation de la température planétaire de 2 °C, mais au-delà le manque de précipitations pourrait induire un déclin de la croissance forestière.

Conclusion

Qu’on se le tienne pour dit : le réchauffement planétaire représente une grande menace pour l’humanité, et les effets du réchauffement planétaire sur la croissance des plantes ou sur les cultures sont complexes, variables avec le temps et ne sont pas toujours attendus. Les effets connus du réchauffement sur les êtres humains et les sociétés sont plus souvent néfastes, et d’autant plus que la température augmente.

Les effets anticipés du climat sur les espèces ou les écosystèmes sont aussi complexes qu’inattendus, et parfois même imprévisibles. Malgré les formidables connaissances scientifiques dont on dispose, il reste beaucoup d’incertitudes ou de surprises à venir concernant les répercussions de la hausse de la température globale sur la nature.

Notes et références

[1] Philippe Roy, Probabilistic climate change scenarios for viticultural potential in Québec  Climatic Change 143 (2017) 43–58 https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-017-1960-x

[2] Quirin Schiermeier, Droughts, heatwaves and floods: How to tell when climate change is to blame Nature  560 (2018) 20 https://www.nature.com/articles/d41586-018-05849-9

Pinning extreme weather on climate change is now routine and reliable science Nature  560 (2018) 5

Comment mesurer la responsabilité du climat sur la météo? Agence Science Presse, 31 juillet 2018 http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2018/07/31/comment-mesurer-responsabilite-climat-meteo

[3] Yifu Wang et coll., Predicting the distribution of poorly-documented species, Northern black widow (Latrodectus variolus) and Black purse-web spider (Sphodros niger), using museum specimens and citizen science data http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0201094

Mathieu Perreault, Une veuve noire envahit le Québec La Presse, 9 août 2018 http://www.lapresse.ca/actualites/201808/09/01-5192441-une-veuve-noire-envahit-le-quebec.php

Paulien Gravel, La veuve noire du nord fait son apparition au Québec Le Devoir, 9 août 2018 https://www.ledevoir.com/societe/science/534142/la-veuve-noire

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1 COMMENTAIRE

  1. Mon dieu que cet article n’a rien de scientifique.

    Comment parler des effets positifs du réchauffement quant ceux ci ne sont tout simplement pas étudiés par la communauté scientifique ?

    Un seul effet ultra localisé est cité. Normal bcp ne sont tout simplement pas étudiés.

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