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Un air plus sain mais un réchauffement plus rapide?

Une étude récente conclue que les changements climatiques pourraient empirer du fait de la diminution de la pollution atmosphérique par les aérosols.

L’effet des aérosols

Les aérosols sont un ensemble de particules fines de différentes natures. Certaines comme la suie absorbent les radiations solaires et contribuent à l’augmentation de la température mondiale. D’autres comme les particules sulfatées ont tendance à réfléchir la lumière solaire ce qui a un effet refroidissant. Un autre effet des aérosols est indirect, en favorisant de plus grosses tailles de goulettes d’eau dans des nuages et la persistance de ceux-ci dans l’atmosphère. Comme les nuages réfléchissent la lumière du soleil, les aérosols agissent là aussi comme un facteur refroidissant.

Au total, les aérosols sur le climat ont un effet refroidissant, qui compense partiellement le réchauffement dû aux gaz à effet de serre (GES). Selon le dernier rapport du GIEC, cet effet refroidissant est de -0,4 °C. Autrement dit, sans les aérosols, le réchauffement planétaire actuel serait de 1,5 °C plutôt que 1,1 °C !

L’effet des aérosols est tellement puissant que lors des phases d’industrialisation intense comme l’ont connu l’Occident au tournant des années 1950 ou la Chine dans les années 1990, la pollution par les aérosols masquent complètement le réchauffement dû aux gaz à effet de serre (GES). Par la suite, quand les sociétés se développent davantage, leurs normes sur la qualité de l’air devenant plus restrictives, les émissions d’aérosols baissent et le réchauffement induit par les GES devient prédominant.

Cela est dû au fait que les aérosols ont un temps de résidence dans l’atmosphère assez court, de quelques semaines, alors que le dioxyde de carbone (CO2) y demeure une longue période de temps. Si les émissions d’aérosols baissent, leur concentration atmosphérique diminue rapidement tandis que le CO2 s’accumule dans l’atmosphère. En fait, le climat futur dépend fortement des émissions passées de CO2, surtout si les aérosols tendent à disparaître.

Les aérosols diminuent dans l’atmosphère

Or, une étude récente, toujours en cours d’évaluation par les pairs, semble démontrer que la pollution à l’échelle mondiale a diminué un peu partout sur la planète depuis l’an 2000. Ces réductions ont pour effet d’atténuer l’effet compensatoire des aérosols sur le climat. De négatif, l’effet des aérosols sur le climat semble même être devenu légèrement positif. C’est un coup dur pour le climat puisque cela signifie que le réchauffement va s’aggraver.

Bien que cette réduction de la pollution atmosphérique par les aérosols était anticipée, elle reste à corroborer. Si elle se confirme, c’est, certes une mauvaise nouvelle en termes climatiques, mais une bonne nouvelle pour la santé humaine. La réduction des aérosols atmosphériques améliore en effet la qualité de l’air, ce qui pourrait réduire le nombre de décès prématurés dans les régions qui en bénéficient.

Au niveau du climat, la nouvelle est d’autant plus inquiétante que les sociétés ne semblent avoir ni la volonté ni la capacité de renverser de réduire significativement (ou suffisamment) leurs émissions de GES. Pour le moment, la réduction des aérosols et leurs effets sur le climat ne sont pas pris en compte dans la plupart des modèles et des prévisions climatiques. Les conclusions de cette étude impliquent que les modèles devront probablement s’ajuster et que les cibles de réduction des GES permettant d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris devront être revues à la hausse.

Cette étude donne une perspective plus pessimiste à la situation climatique actuelle. Celle-ci paraît tellement inextricable qu’un des auteurs de l’étude, s’exprimant dans les colonnes de la revue Science, pense que nous n’aurons d’autre choix que d’émettre des aérosols dans la stratosphère, intentionnellement cette fois-ci, afin de créer un mince brouillard artificiel qui diffuserait les rayons solaires et limiterait le réchauffement, pour ainsi nous donner plus de temps et décarboner nos activités. Nous devrions suivre ce conseil et faire appel à la géo-ingénierie ? Il est probable qu’un tel stratagème soit inévitable pour éviter une catastrophe climatique. Mais ne représente-t-il pas surtout une autre façon de ne pas prendre les mesures sociétales qui s’imposent ?

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