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« Humus » : pour une agriculture soucieuse du sol

Le film-documentaire Humus de Carole Poliquin montre les efforts et les expérimentations d’un couple d’agriculteurs visant à développer une agro-écologie innovante permettant d’enrichir le sol

Enrichir les sols et accroître la biodiversité à travers l’agriculture : tel est le mandat que s’est donné un couple de maraîchers, François D’Aoust et Mélina Plante, au sein de leur exploitation maraîchère de la Montérégie, les Bontés de la Vallée. Le film-documentaire de Carole Poliquin nous montre durant plus d’une année ces deux inventeurs d’une nouvelle agriculture, celle qui nous permettra de nourrir la population de manière durable, aujourd’hui et demain.

La philosophie aux Bontés de la Vallée

La base de notre nourriture, c’est le sol. Sa fertilité, c’est sa diversité ; et vice-versa. D’où l’importance de mettre toute son énergie pour le garder aussi en santé que possible et d’abandonner le modèle d’agriculture industrielle actuel qui épuise les sols, les déstructure, les érode et qui tente de compenser la perte de productivité et sa vulnérabilité intrinsèque par des intrants chimiques. Le modèle d’agriculture de masse basé sur la monoculture est tout simplement insoutenable.

Au fil d’expérimentations, d’espoirs, de réussites, et de quelques découragements aussi, nous suivons ainsi le parcours de deux personnes inspirantes qui développent une forme d’agroécologie totalement circulaire qui n’a plus besoin de l’apport de compost venant de l’extérieur, tout étant fourni par les résidus et plantes cultivées à l’interne.

Au sein de l’exploitation, chaque geste est conçu pour garder le sol intègre en intervenant au minimum sur celui-ci : le protéger des rayons directs du soleil, le garder humide grâce au paillis, et faire s’épanouir les microorganismes – bactéries et champignons – et les insectes nécessaires à un sol fertile. À cela s’ajoute l’absence de mécanisation, si dommageable pour la structure du sol (on pense notamment à la compaction du sol consécutive au labour). À la ferme, même la grelinette, pourtant prônée en permaculture, ne fait plus partie de l’arsenal.

Ces terres maraîchères accueillent une agriculture douce qui ne se veut pas moins qu’un prolongement du milieu naturel environnant, et non plus une fracture comme le sont actuellement les champs d’agriculture industrielle. Les animaux sont donc les bienvenus, même s’il faut parfois s’accommoder des activités d’un castor qui inonde les cultures. La démonstration y est faite que les activités de l’un peuvent malgré tout coexister avec celles des autres, à condition d’anticiper et de faire quelques compromis.

Les embûches aux Bontés de la Vallée

Tous ces efforts sont cependant rendus plus difficiles par les changements climatiques alors qu’un gel tardif au printemps cause la perte irrémédiable de certaines cultures et des pertes de rendements considérables pour d’autres.

Et comme si ce n’était pas suffisant, c’est le système économique lui-même qui nuit à l’efficacité des progrès réalisés, dans la mesure où il est plus rentable d’exploiter et détruire la nature comme le fait la monoculture industrielle que de la régénérer comme le font nos héros du quotidien. Comment concurrencer les légumes vendus à rabais suite à l’exploitation d’agriculteurs dans les pays étrangers ?

Les idées du couple vont même plus loin, idées que certains qualifieront d’utopie. Pourtant, quelle idée stimulante que de développer des Communs pour une alimentation collective comme des forêts nourricières ! Ce modèle paraît assez incongru dans la société actuelle, mais elle concilie efficacement écologie, durabilité et équité, tout en nous permettant de sortir de la logique marchande. Une idée à faire naître.

S’inspirer des Bontés de la Vallée

Ce film doux et poétique montre, au final, que tant d’efforts déployés et tant d’inventivité pour la mise au point de solutions réalistes visant à développer une agriculture viable et rentable au Québec mériteraient des investissements massifs, systématiques et rapides pour soutenir les petites exploitations maraîchères et faire percoler les meilleures pratiques. Car il ne faut pas perdre de vue que cette agriculture en est une qui est surtout basée sur le développement de nouvelles connaissances.

Un tel engagement de l’État pourrait plus globalement viser le développement d’écosystèmes centrés autour d’exploitations à échelle humaine, et donc le développement des régions.

Humus (2022)

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