mercredi, décembre 4, 2024

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Un bilan de la COP27

Les négociations de Sharm-El-Sheikh sur les changements climatiques  n’ont pas permis de redonner espoir de limiter la température à 1,5 °C, ni même 2 °C. Les COP ont quand même une certaine utilité.

La 27e COP de l’ONU portant sur les changements climatiques (en français CP, pour Conférences des Parties) s’est tenue à Sharm-El-Sheikh en Égypte. Quel bilan peut-on en tirer ?

Les points négatifs

Établir un bilan des COP est relatif et dépend du point de vue que l’on adopte. Si l’on se place au point de l’aspect fondamental et scientifique, à savoir la réduction des GES, cette COP est, comme ses prédécesseures, un cuisant échec puisqu’il n’y a pas eu de progrès significatif sur les efforts que devraient déployer les pays pour limiter leurs émissions.

Pour l’instant, avec les cibles de réduction actuelles de l’ensemble des pays (appelées Intended Nationally Determined Contributions, INDCs), la contrainte de limiter la hausse de la température à 1,5 °C est ratée et mèneraient à une augmentation de 2,6 °C. Ainsi, à l’occasion de la COP27, les parties étaient invitées à accroître leur cible. Or, seuls 24 pays les ont bonifiées.

Cette situation résulte du fait que les négociations n’ont pas permis au fil des ans de mettre en place un processus contraignant de réductions des émissions. Les parties ont continuellement refusé un tel système, un refus qui s’est cristallisé lors de la COP15 en 2009 à Copenhague qui devait donner suite à l’Accord de Kyoto (un accord contraignant pour les pays développés). Depuis lors, les négociations sur les changements climatiques sont basées sur la « bonne volonté » des États et la prise en compte de leur réalité respective (niveau de richesse, production de combustibles fossiles, vulnérabilité face aux changements climatique, etc.).

Un tel système montre son inefficacité depuis des années pour limiter le réchauffement planétaire.

Les points positifs

La COP27 a de toute évidence créé la surprise dès son ouverture en mettant à l’ordre du jour un sujet que personne n’attendait au départ : la question de la compensation pour les pertes et dommages causés par les bouleversements climatiques. Les pays développés étant les principaux responsables de la crise climatiques puisqu’ils se sont développés à grand renfort de combustibles fossiles, ils doivent compenser les pays les plus vulnérables qui sont les plus touchés par les impacts du réchauffement. C’est une question de justice climatique.

Sous l’impulsion des représentant(e)s de l’Europe, la COP27 a permis la création d’un processus de compensation, ce qui constitue une excellente nouvelle. Cependant, si l’on peut se féliciter de cet aboutissement, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Le mécanisme de compensation n’est en effet pas défini (qui va payer, à quelle hauteur, pour quels pays, pour quels dommages) et surtout, l’argent n’est pas dans les coffres. Ainsi, un autre mécanisme d’aide aux pays en développement a été mis en place dès 2009 à la COP15 : un fonds de 100 milliards de dollars américains par année pour les aider à s’adapter aux changements du climat et à réduire leurs émissions. Or, Ce fonds n’a toujours pas atteint le financement promis.

On peut donc raisonnablement mettre en doute la volonté future de l’ensemble des pays riches de contribuer au Fonds pour les pertes et préjudices.

Conclusion

Les grands messes de l’ONU représentent une plateforme unique permettant de réunir les pays du monde pour qu’ils se parlent et négocient. Ces pourparlers se déroulent aux yeux du monde, mettant les États en face de leur (manque de) volonté, leurs contradictions voire leur hypocrisie (ou leur engagement).

Des notions et des enjeux importants comme les pertes et dommages y sont aussi portés à la connaissance des décideurs et de la population. Bien que ces questions ne soient pas nécessairement résolues lors des COP, on peut se demander comment elles seraient sérieusement débattues autrement.

Malheureusement, on ne peut pas compter sur ces grands-messes de l’ONU pour remédier, seules, à l’urgence climatique. De fait, maintes initiatives menées pour réduire véritablement les émissions de GES sont menées par les citoyens, les organisations et les entreprises. Les États mènent aussi leur effort, même si, plus souvent qu’autrement, il est  insuffisant, sinon dérisoire, par rapport à ce qu’il est nécessaire de mettre en place.

La population met progressivement davantage de pression sur leur gouvernement respectif. C’est ainsi que les pays négocient aussi selon la pression que leur population impose. C’est un peu comme si les populations donnaient à force de manifestations un mandat à leur gouvernement.

Au fond, les progrès ou l’immobilisme de chacune des négociations reflète le niveau de conscientisation et de volonté  atteint par les sociétés qui composent notre monde.

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