mardi, avril 23, 2024

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L’atténuation de l’empreinte écologique des sociétés de plus en plus complexe

Rendre viables les sociétés techno-industrielles actuelles n’est pas (et ne sera pas) une sinécure, on le sait. L’accomplir nécessite notamment de transformer en profondeur notre système socioéconomique et de mettre en place des lois et des mécanismes financiers efficaces et innovants. Or, opérer cette transition dans un monde stable apparaissait déjà comme un objectif pour le moins difficile à atteindre. Mais, à force de constamment repousser l’inévitable transformation que nous devons instaurer, voilà que nous devons prenons conscience que la réduction de notre empreinte environnementale devra se réaliser dans un cadre contextuel plus complexe, celui d’un monde qui se transforme sous nos yeux, à une échelle de temps de l’ordre de la décennie.

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L’accélération des activités humaines

Les changements auxquels nous assistons sont de deux types et ont la même origine, soit l’augmentation des activités humaines. Ces changements sont, d’une part l’évolution continue de la technologie, ce que l’on nomme aussi le progrès, et d’autre part les impacts environnementaux, imposés qu’ils sont par les activités des pays industrialisés ou émergents.

À partir des années 50 en effet, depuis ce que d’aucun appelle « la grande accélération » [1], les activités humaines mondiales croissent à un rythme qui s’accélère. La tendance peut être schématiquement représentée par une courbe maîtresse de type exponentielle comme l’illustre la figure ci-dessous :

Courbe exponentielle

De nombreuses variables suivent cette tendance. Parmi celles-ci, citons :

• l’accélération d’indices représentatifs des activités humaines, par exemple la consommation d’eau, de fertilisants ou de papier, le nombre d’automobiles, etc. [1]
• l’accélération d’indices sociétaux tels que la population mondiale ou le PIB [1,2] (notons néanmoins que le taux d’accroissement de la population commence à ralentir).

L’évolution de la technologie

Quoique ne suivant pas nécessairement une évolution de type exponentielle, la technologie évolue elle aussi rapidement [3]. La technologie contient un fort potentiel pour réduire l’empreinte écologique des sociétés, mais malheureusement, pour des raisons sociales et économiques, elle est surtout une source d’accentuation intense de l’impact de l’être humain sur la nature et sur sa propre qualité de vie. À titre d’exemple, les nouveaux types d’appareils se succèdent dans les foyers à un rythme élevé, surtout depuis les années 50. Que l’on pense par exemple aux systèmes permettant d’écouter de la musique (du gramophone au lecteur MP3) [3], aux téléviseurs (de la télévision noir et blanc aux téléviseurs DEL, à cristaux liquides ou à plasma), ou aux systèmes informatiques (de l’ordinateur personnel au ipad et iphone).

Les technologies « généralistes » telles l’électricité, les combustibles fossiles, le nucléaire, le numérique se succèdent aussi rapidement, et les technologies émergentes suivent de proche (biotechnologies, nanotechnologies, technologies de l’information). Ces successions de technologie ou d’appareils rendent désuets nos anciens systèmes, de sorte que l’on en change régulièrement, souvent avant même la fin de leur vie utile. Pour certains produits, la durée de vie s’avère parfois particulièrement courte. Ces transformations, qui peuvent être parfois de grande ampleur, oblige ou incite perpétuellement la population et la société à renouveler leur environnement matériel, ce qui représente un obstacle sérieux à la réduction de l’impact des activités humaines.

La transformation de la planète

La deuxième transformation à laquelle nous devons faire face concerne l’environnement planétaire. Les conséquences du rouleau compresseur humain augmentent elles aussi à un rythme exponentiel (par exemple la concentration de CO2, NO2 ou de CH4) [1,4-6], tout comme l’accélération de leurs impacts (tels que la température de la surface de la Terre, la disparition des espèces ou l’acidification des océans) [1,4,6].

Cela signifie que nous allons devoir mettre en œuvre des politiques visant la viabilité dans des contextes écologique [7] et planétaire changeants. Les politiques ou les infrastructures que nous mettons en place ne sont pas spécialement reconnues pour leurs facultés adaptatives. Elles devront donc être revues ou refaites régulièrement. Prenons un exemple simple. La montée des océans aggrave l’érosion des côtes maritimes. Les infrastructures visant à limiter ce problème devront donc régulièrement adaptées pour remplir leur rôle. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Quand on voit la peine qu’ont les gouvernements à instaurer des solutions soutenables d’envergure (en fait elles sont presque inexistantes pour l’instant), on comprend que la tâche sera particulièrement complexe. Retarder l’échéance ne nous dispensera pas de rendre viable nos sociétés, mais ne fera que rendre la tâche plus complexe. Car hélas, à force de bretter, les solutions requises s’annoncent douloureuses pour tous, mais surtout pour les plus démunis, puisque les règlements, les impôts et les taxes seront mis en place en réaction et non pas en prévention, donc dans l’urgence. En agissant au pied du mur, on « s’assure » que les mesures implantées coûtent plus cher qu’elles ne devraient, et soient plus dommageables pour les plus vulnérables.

Bibliographie

[1] W. Steffen et al. The Anthropocene: conceptual and historical perspectives, Phil. Trans. R. Soc. A (2011) 369 842-867 (doi: 10.1098/rsta.2010.0327) http://rsta.royalsocietypublishing.org/content/369/1938/842.abstract
[2] Une brève histoire de la croissance démographique mondiale, Planète viable (2012) et références citées. https://planeteviable.org/breve-histoire-croissance-demographique-mondiale/
[3] La technologie évolue rapidement, se complexifie et se multiplie, Planète viable (2013) et références citées. https://planeteviable.org/technologie-vitesse-evolution-complexification-diversification/
[4] État de la situation sur le réchauffement de l’atmosphère, Planète viable (2013) et références citées.
https://planeteviable.org/situation-rechauffement-atmosphere/
[5] Réchauffement planétaire : le cas du méthane, Planète viable (2013) et références citées.
https://planeteviable.org/rechauffement-planetaire-methane/
[6] Les effets du CO2 sur les océans, Planète viable (2012) et références citées.
https://planeteviable.org/effets-co2-oceans/
[7] Michel Côté, Vers un Québec au climat transformé, La Presse (3 février 2014).

 

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