Cet article fait partie d’une série qui vise à évaluer la capacité de résilience de la civilisation, c’est-à-dire sa faculté à s’adapter à une transformation environnementale qui la menacerait. Après les aspects économiques, cet article discute des avantages et inconvénients de la technologie.
La technologie constitue sans aucun doute un atout extrêmement important pour rendre la civilisation adaptable. Le progrès technoscientifique illustre de façon éclatante, notamment depuis les dernières décennies, que la technologie peut évoluer rapidement et offrir une panoplie de nouveaux produits et de nouveaux systèmes. Par conséquent, la technologie peut nous permettre de nous adapter en trouvant des solutions à certains problèmes environnementaux.
Les avancées réalisées dans le domaine de l’énergie solaire ou éolienne ou des voitures électriques sont des exemples notables. Ils montrent que la société prend progressivement en compte la dégradation écologique, mais ils montrent également que trouver des solutions technologiques n’est pas si simple. Les piles photovoltaïques par exemple n’ont encore pas un rendement très élevé et les voitures électriques n’ont pas une très grande autonomie ni une empreinte écologique nulle…
La difficulté dans le domaine de la technologie est surtout de faire en sorte que les multiples innovations bénéficient à la préservation de la nature et non pas à sa détérioration. Car si la technologie peut permettre de réduire de l’empreinte écologique des sociétés, elle a aussi des effets négatifs. Les techniques agricoles industrielles par exemple, si elles ont permis un temps d’accroître les rendements et les revenus, ont eu une forte contribution à nombre de problèmes environnementaux (pollution de l’eau, des sols et de l’atmosphère, prélèvements en eau). Le pape François a parfaitement exprimé ces effets néfastes de la technologie dans on encyclique Laudato Si : « bien souvent, les solutions technologiques ne font que créer des problèmes en cherchant à en résoudre d’autres ».
Il ne faut pas perdre de vue que de façon générale l’innovation bénéficie à l’économie ; elle l’alimente, et contribue ainsi à la surconsommation et la surproduction. Mais aussi, la technologie évolue rapidement et se complexifie, le tout au bénéficie des êtres humains, mais cette évolution se développe souvent au détriment de la nature. Ce « progrès » se manifeste par la multiplication des produits électroniques et informatiques dans les foyers, l’évolution incessante des logiciels et la prolifération des produits autonomes énergétiquement (souris d’ordinateur). Par suite, si la technologie peut nous permettre de changer rapidement pour réduire notre empreinte écologique, il faudra dans une certaine mesure diriger les applications que l’on en fait dans cette direction écoresponsable.
Alors que la technologie se révèle changeante, paradoxalement, elle peut aussi s’implanter pour de longues durées et à grande échelle. Elle structure la société, de sorte qu’il peut être difficile d’en changer, paralysant ainsi la société si cette technologie s’avère dommageable pour l’environnement. On les appelle technologies généralistes (combustibles fossiles, électricité, électronique, informatique) qui structurent l’ensemble de la société pour plusieurs décennies. Par suite, ces technologies peuvent limiter la capacité d’adaptation des sociétés. Un exemple classique est l’enracinement de l’utilisation des énergies fossiles, notamment le pétrole. Celui-ci permet l’utilisation de la voiture et fournit une grande part de l’énergie mondiale, un paradigme dont il apparaît difficile de sortir.
Ainsi, comme l’économie, la technologie possède des caractéristiques qui contribuent à rendre la civilisation adaptable et d’autres qui peuvent la paralyser ou empirer une situation qui requiert une transformation sociétale.