En plus de changer rapidement, les produits que nous « offre » la technologie donnent de plus en plus de possibilités et sont de plus en plus complexes. Afin de rendre la vie plus facile, rapide et confortable, les appareils domestiques contiennent de plus en plus d’écrans d’affichage, de voyants lumineux, de capteurs et donc de composantes électriques, électroniques et/ou informatique. Les appareils demandent donc un supplément d’énergie pour fonctionner par rapport aux versions plus anciennes ou à des versions simplifiées. À titre d’exemple, pensons à la transfo-complexification du téléphone à cadran jusqu’au téléphone portable en passant par le téléphone sans fil. D’autres exemples typiques nous sont donnés par les montres et les réveils numériques (auparavant purement mécaniques), les souris d’ordinateurs (dorénavant sans fil), etc.
Autre exemple caractéristique de complexification, les véhicules automobiles qui incorporent de plus en plus d’accessoires, tels les sièges chauffants, le système de stationnement automatique, le système d’ouverture du hayon main libre, le système de détection d’obstacles, en marche arrière, le régulateur de vitesse, la clé d’ouverture à distance, etc., et c’est sans parler du démarreur à distance… On peut également penser à l’évolution qu’a suivie le poêle qui est muni dorénavant de composantes électroniques (pour nous donner l’heure et sonner au bout d’un temps donné) et dont on peut remettre en cause la nécessité. Bien que certains accessoires représentent de réelles avancées, les appareils les plus simples dans leur fonction de base sont munis de ce que l’on peut qualifier de « gadgets » car ils s’avèrent inutile la plupart du temps. En fait, la majorité des fonctions électroniques des appareils s’avèrent sous-exploitées par les utilisateurs et donc (presque) totalement inutiles.
La complexification des appareils se traduit par leur multi-fonctionnalisation. Comme exemple typique, prenons les appareils-photos qui non seulement sont devenus numériques mais qui de plus incorporent un GPS et d’innombrables fonctions de paramétrages ou de corrections d’image. Autre exemple, les téléphones intelligents qui transcendent la fonction « téléphone » et constituent de fait de véritables ordinateurs. Nos téléphones permettent tout à la fois de recevoir des messages sur le répondeur incorporé, prendre des photos, naviguer sur Internet, communiquer par vidéo ou par message texte, gérer son agenda, gérer son carnet d’adresses et de contacts, écouter de la musique, se diriger (par géolocalisation), etc. On observe le même principe pour les tablettes.
Notons que la multifonctionnalité devrait logiquement permettre de réduire le nombre d’appareils possédés par individus et ainsi réduire notre empreinte écologique. Or, comme chacun sait, il n’en est rien. Dans les faits, la multifonctionnalité n’empêche nullement la multiplication du nombre d’appareils possédés par individu, notamment les dispositifs électroniques. Au contraire, nous nous retrouvons la plupart du temps avec des appareils qui dupliquent les mêmes fonctions (répondeur, appareil-photo, lecteur mp3 (iPod©), GPS, ordinateur, tablette (iPad©), liseuse, etc.). De façon contradictoire, ces appareils prolifèrent dans nos foyers et il n’est pas rare que des personnes possèdent tous ces appareils à la fois. Nous assistons ainsi à un foisonnement anarchique des appareils électroniques en croyant de surcroit qu’ils comblent des besoins alors qu’ils ne font surtout que créer de nouvelles envies. Alors qu’une des justifications de l’achat de ces appareils est la réduction de notre empreinte écologique, celle-ci augmente à la fois par leur multiplication et leur complexification.
Les appareils deviennent également de plus en plus autonomes. Ils fonctionnement notamment et de plus en plus fréquemment avec des piles et des capteurs, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il y a donc prolifération des piles, qui doivent être rechargées ou changées régulièrement. Plus largement encore, la tendance que représente la domotique et qui vise à rendre autonome nos appareils est en train d’accroître la présence de l’informatique et de l’électronique et le recours à davantage d’énergie, augmentant ainsi notre empreinte écologique.
D’autres systèmes illustrent la tendance qu’ont les biens matériels à accroître notre empreinte écologique. C’est le cas de l’évolution de la cafetière qui est passée de la cafetière italienne, à la cafetière à piston, puis à la cafetière automatique (filtre, électricité), et récemment à la machine à espresso, impliquant notamment l’utilisation de capsules jetables. Cette tendance générale à la complexification des biens, ou à plus précisément à leur « accessoirisation », contribue à accroître la consommation globale d’énergie et des ressources non renouvelables (métaux rares). Ce n’est pas un hasard si les pays riches consomment beaucoup plus d’énergie et ont de façon générale une empreinte écologique plus grande que les PED. Une société soutenable devrait se demander si tous ces gadgets sont indispensables au bien-être et si elle peut se permettre de dégrader l’environnement et d’épuiser ses ressources pour les détenir et les utiliser.