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Une évaluation globale de la disparition du couvert forestier

À l’aide d’une technique d’imagerie par satellite, des chercheurs ont mesuré la perte brute de couvert forestier (PBCF) entre 2000 et 2005. L’étude montre qu’en 2000, le couvert forestier était de 32 688 000 km2 et que 1 011 000 km2 ont été perdus durant cette période, soit 3,1% du couvert forestier existant en 2000 (0,6% de perte par année en moyenne). L’Amérique du Nord est le continent le plus touché et le Canada est le deuxième pays ayant la plus grande surface forestière qui a disparu.

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Évaluer le couvert forestier et son évolution

Les données sur la superficie du couvert forestier et son évolution sont importantes pour évaluer les efforts des nations visant à réduire leurs émissions de CO2. Elles le sont également pour comprendre l’impact sur les processus biogéochimiques et hydrologiques à une échelle planétaire, ainsi que sur la biodiversité et sur le climat. L’étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Science (M. Hansena, S. Stehmanb et P. Potapova, Quantification of global gross forest cover loss 107 (2010) 8650-8655) estime la perte brute de couvert forestier (PBCF) pour différents biomes (régions boréales, tempérées, tropiques sèches et tropiques humides), à l’échelle des continents et pour les pays possédant plus de un million de km2 de forêt. L’année de référence est 2000.

Pourcentage de couvert forestier sur la planète
Pourcentage de couvert forestier sur la planète (A) et PBCF entre 2000 et 2005 (Source : Hansena et coll., Quantification of global gross forest cover loss PNAS 107 (2010) 8650-8655).

Au début des mesures, le couvert forestier sur la Terre représentait 32 688 000 km2 (figure ci-dessus), soit 22 % de la surface totale des continents. Ce sont les régions tropicales humides qui comportent la plus grande proportion de forêts. Pour l’ensemble de la planète, les PBCF sont estimées à 1 011 000 km2, soit 3,1% du couvert mesuré en 2000. Cela représente une réduction de 0,6% en moyenne.

Évaluation par biome

C’est le biome de la forêt boréale qui a subi le plus de pertes (figure ci-dessous), avec 60% dues aux feux de forêts et 40% à l’exploitation forestière et aux insectes ravageurs, par exemple la dendroctone du pin en Colombie Britannique.

Pourcentage de couvert forestier sur la planète
Pourcentage de couvert forestier sur la planète (A) et PBCF entre 2000 et 2005 (Source : Hansena et coll., Quantification of global gross forest cover loss PNAS 107 (2010) 8650-8655)

La deuxième plus grande surface de PBCF concerne les tropiques humides, la plupart des pertes ayant eues lieu au Brésil du fait de l’utilisation des terres pour l’agriculture, et en Indonésie et Malaisie pour l’agroforesterie. Cependant, lorsque le PBCF est exprimé en termes de pourcentage par rapport à l’année 2000, le biome tropical humide est le moins perturbé. La forêt amazonienne demeure la forêt la moins transformée, notamment du fait de son inaccessibilité.

Couvert forestier et PBCF (2000-2005) pour les différents biomes
Couvert forestier et PBCF (2000-2005) pour les différents biomes. GFCL (Gross Forest Cover Loss) correspond au PBCF. (Source : Hansena et coll., Quantification of global gross forest cover loss PNAS 107 (2010) 8650-8655)

Les régions tropicales sèches sont le troisième biome considéré. Les principales PBCF ont eu lieu en Australie et en Amérique du Sud, notamment au Brésil, en Argentine et au Paraguay, du fait du déboisement agro-industriel. Finalement, les régions tempérées connaissent le moins de perte, car la majorité de ce biome a depuis longtemps été converti en agriculture et en secteur d’habitation. Cependant, le biome tempéré arrive en second si on considère les PBCF en pourcentage par rapport à l’an 2000. Ce sont les États-Unis qui enregistrent le plus de perte de forêts pour ce biome.

Évaluation par continent

L’Asie et l’Amérique du Sud sont les continents qui abritent le plus de forêts (respectivement 8 442 000 et 8 414 000 km2), mais c’est en Amérique du Nord que le plus de PBCF est enregistré. C’est globalement près de 30% des pertes de forêts qu’on y mesure, soit 5,1% du couvert forestier de l’année 2000. Les causes principales sont l’exploitation forestière et les incendies.

Couvert forestier et PBCF (2000-2005) pour les différents continents
Couvert forestier et PBCF (2000-2005) pour les différents continents. GFCL (Gross Forest Cover Loss) correspond au PBCF. (Source : Hansena et coll., Quantification of global gross forest cover loss PNAS 107 (2010) 8650-8655)

En proportion, c’est l’Afrique qui connaît le moins de disparition de forêts (0,4% de la forêt connue en 2000). Ceci est le reflet d’une faible utilisation pour le développement commercial. L’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud représentent à elles deux plus de la moitié de la superficie des PBCF. L’Amérique du Sud a la plus grande zone de forêts intactes aux tropiques. Ces aires subissent une pression grandissante du développement agro-industriel.

Évaluation par pays

Sept pays possèdent plus de un million de km2 de forêts. Ces pays représentent 57% de la totalité du couvert forestier de la planète et 65% des PBCF. C’est la Russie qui a la superficie de forêt la plus grande suivie du Brésil, du Canada et des États-Unis.

Couvert forestier et PBCF par pays
Couvert forestier et PBCF (2000-2005) pour les pays qui comptent plus de un million de km2 de forêt. GFCL (Gross Forest Cover Loss) correspond au PBCF. (Source : Hansena et coll., Quantification of global gross forest cover loss PNAS 107 (2010) 8650-8655)

Le Brésil a les PBCF les plus élevées de tous avec 165 000 km2 (33 000 km2 par an), dont 26 000 km2 pour les zones tropicales humides et 7 000 km2 pour des zones tropicales sèches.

Très près du Brésil, le Canada se place en seconde position pour la superficie des PBCF avec 160 000 km2. Le Canada compte des aires qui appartiennent aux biomes boréal et tempéré, et toutes les provinces sont touchées, sauf les Îles du Prince Édouard. L’exploitation forestière est la première cause dans les régions habitées du sud, alors que ce sont les incendies qui dominent au nord du pays.

En pourcentage, les États-Unis ont la PBCF le plus élevée (6,0%). L’exploitation forestière est la cause principale et la plus répandue, bien que les incendies représentent une contribution importante, notamment en Alaska et dans l’ouest du pays. Le rythme de disparition des forêts est parmi les plus soutenus dans le sud-est du pays.

La Russie se situe au troisième rang avec des pertes causées principalement par l’exploitation forestière dans la partie européenne et la partie est du territoire, et aux feux de forêts en Sibérie. La République du Congo a la plus petite PBCF avec 10 000 km2, soit 0,6% par rapport à la superficie totale mesurée en 2000. Très proche se situe la Chine, quoiqu’en pourcentage elle se rapproche de la Russie.

Parmi les autres pays qui ont des PBCF significatives, on retrouve l’Australie, le Paraguay, l’Argentine et la Malaisie. En Australie les incendies sont la principale cause des PBCF. Le Paraguay et l’Argentine sont le siège d’un développement agricole soutenu, tandis que la Malaisie connaît une croissance de la culture d’huile de palme et de l’agroforesterie.

Perspectives et conclusions

Les auteurs de l’article mentionnent que les causes responsables des PBCF devront être mieux caractérisées pour donner davantage de valeur aux présentes estimations. Les auteurs précisent également que pour bien des domaines scientifiques, une quantification du couvert forestier ayant une résolution spatiale plus fine est nécessaire Notons pour notre part que l’on montre souvent du doigt la forêt amazonienne lorsque l’on discute de déforestation et de changements climatiques. Cependant, il ne faudrait pas perdre de vue, comme le montre cette étude, que la forêt boréale et la forêt tempérée on subit et subissent de grande pertes. Tous les pays ont des efforts à mettre en œuvre pour préserver ce bien précieux et nécessaire à nos vies que représentent les arbres de nos forêts. C’est particulièrement vrai en Amérique du Nord, notamment au Canada.

La publication originale dont ce texte est tiré est libre d’accès. Il est possible de la lire entièrement sur le site de PNAS.

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2 Commentaires

  1. Je demeure à Hemmingford Québec depuis 30 ans. Notre couvert forestier diminué d’année en année. Il est impératif de le conserver puisque nous sommes une des rares municipalités de notre region qui en possede encore . Je travaille très fort pour le garder mais il n’y a aucune volonté politique.Les autorités conserner se lancent la balle, provinciale et municipale.Pourriez vous nous aider?

    • Bonjour Mme Lucier,
      Je comprends votre inquiétude. Je ne peux hélas vous aider puisque je suis seul à gérer ce blogue. Planète viable n’est pas une organisation de défense de la nature. Pour recevoir de l’aide, je pense que vous devriez organiser un regroupement de citoyens intéressés à défendre votre couvert forestier. Sinon, Nature Québec pourrait peut-être vous aider. Je vous invite à les contacter (http://www.naturequebec.org/contactez-nous/). C’est un beau projet que de vouloir défendre votre forêt. Votre action est indispensable. Merci de vous préoccuper de la nature qui vous entoure.

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