Un panel d’experts a rendu public en février un rapport dans lequel ils décrivent leur vision d’une stratégie destinée à instaurer une prospérité mondiale durable et à basses émissions de carbone. Ce rapport, commandé par le Secrétaire général des Nations unies, vise à alimenter le grand rendez-vous que constitue le prochain Sommet de la Terre qui aura lieu cette année à Rio, 20 ans après celui de 1992.
Le panel considère qu’il est primordial de réduire la pauvreté et les inégalités, tout en stimulant la mise en œuvre du développement durable, un concept définie il y a un quart de siècle et dont la mise en œuvre ne s’est toujours pas concrétisée. Cet échec tient notamment à un manque de volonté politique et ce, malgré les engagements pris par les nations du monde lors des rencontres internationales des deux dernières décennies. La vision du Panel s’articule autour de trois idées fortes.
La première est de donner aux individus une plus grande capacité à faire des choix environnementaux. En effet, le panel défend l’idée que le développement durable dépend fortement de la capacité des individus à contrôler leur avenir, protéger leurs droits et exprimer leurs inquiétudes ainsi que leur point de vue.
La seconde proposition maîtresse consiste à mettre en place une économie soutenable, notamment en intégrant étroitement les aspects environnementaux et sociaux au secteur économique. Le but est de sortir le concept de développement durable de la marginalité pour l’amener au cœur de l’économie mondiale, et même de faire en sorte que les leviers de l’économie deviennent un instrument pour dynamiser le développement durable.
La troisième recommandation est de renforcer la gouvernance institutionnelle, notamment en améliorant la cohérence des décisions prises au niveau, local, national, régional et mondial, et en dépassant la fragmentation limitante des institutions qui sont souvent organisées autour de disciplines restrictives. Le Panel recommande également de réformer la gouvernance internationale et de créer un Conseil mondial du développement durable.
Cette vision du Panel est motivée par plusieurs constats alarmants concernant la situation planétaire. Les experts constatent en effet, qu’alors qu’une partie du monde connaît une prospérité inégalée et qu’une autre partie de la population vit toujours dans une pauvreté endémique, la planète subit une dégradation rapide de son environnement (une dégradation elle aussi sans précédent qui affecte la disponibilité de l’eau, l’intégrité des océans, la biodiversité, la fertilité des sols et le couvert forestier), une raréfaction des ressources et une modification du climat.
Il est temps pour l’humanité de reconnaître que cette situation résulte directement du style de vie occidental, de ses modes de production et de consommation, et de la croissance démographique mondiale. Si l’absence de volonté politique envers le développement durable perdure, les modifications imposées à la nature pourraient atteindre des seuils au-delà desquels ces changements seraient irréversibles, et ce dans un contexte où l’humanité aura besoin de 50% de plus de nourriture, 45% plus d’énergie et 30% plus d’eau en 2030.
Le rapport, intitulé « resilient people, resilient planet: a future worth choosing », est paru en février 2012 et fut commandé dès août 2010 par le Secrétaire général des Nations unies. Le Panel est constitué de 22 membres et est codirigé par le président de la Finlande, Tarja Halonen, et le président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma. Le rapport contient 56 recommandations visant à mettre en œuvre le développement durable.