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Réchauffement arctique et planétaire

À l’occasion d’une conférence donnée par Louis Fortier, des données récentes sur la fonte de la calotte glacière en Arctique nous ont été données. Louis Fortier est professeur au département de biologie de l’Université Laval, responsable scientifique du brise-glace de recherche Amundsen et directeur scientifique du Réseau de centres d’excellence ArcticNet voué à l’étude de l’Arctique canadien côtier. Il apparaît que le réchauffement en Arctique est plus rapide que les prévisions des modèles les plus pessimistes.

M. Fortier a commencé pas rappeler que c’est le chimiste suédois Svante August Arrhénius qui le premier a proposé en 1895 que la concentration en CO2 (dioxyde de carbone ou gaz carbonique) de l’atmosphère pouvait avoir une incidence sur la température de la Terre, par effet de serre. Le savant a suggéré qu’une augmentation de 2,5 à 3 fois la teneur en CO2 induirait un accroissement de la température moyenne à la surface de la Terre de 8 à 9°C.

Selon les modèles récents rapportés dans le Modeling and Scenarios Workshop du Arctic Climate Impact Assessment, le doublement de la concentration en CO2 aura lieu en 2070. Le réchauffement terrestre qui résulte de la concentration actuelle se fait particulièrement ressentir en Arctique. La surface du couvert glacé suit avec les années la tendance décrite dans la figure ci-dessous qui est similaire à celle que nous a montré M. Fortier :

Surface du couvert glacé arctique en septembre
Surface du couvert glacé arctique en septembre (étendue minimale) en fonction de l’année (source : National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) (http://www.arctic.noaa.gov/detect/ice-seaice.shtml))

On peut voir sur cette figure que la glace fond progressivement avec le temps. L’année 2007 a totalement pris les scientifiques par surprise avec une diminution très marquée de la surface glacée : de un million de km2 ! La faible augmentation observée en 2008 et en 2009 ne change rien à la tendance générale : le couvert glacé des 3 dernières années est le plus bas jamais atteint et la diminution moyenne est plus rapide que celle des scénarios les plus pessimistes.

Cette réduction de la surface glacée a des conséquences sur le rayonnement solaire absorbé par la Terre et sur la température terrestre. En effet, la glace a un albédo élevé alors que l’eau a un albédo faible. L’albédo est un indice qui représente le rapport entre l’intensité solaire réfléchie par une surface et l’intensité solaire incidente. Cet indice caractérise l’efficacité qu’a un type de surface à réfléchir (ou, réciproquement, à absorber) le rayonnement solaire. Si l’indice est élevé, la réflexion des rayons solaires est élevée. Si l’indice est faible, la réflexion est faible, donc l’absorption est forte, ce qui réchauffe la surface. Donc, moins il y a de glace (plus il y a d’eau), plus l’absorption du rayonnement solaire est élevée et donc aussi le réchauffement de la surface. On appelle ce phénomène la rétroaction de l’albédo. Cet effet est important, car il joue un rôle significatif sur le bilan radiatif de la planète et sur le réchauffement planétaire.

Une autre source d’inquiétude concerne la diminution de l’épaisseur de la glace pluriannuelle (le couvert de glace permanent de l’Arctique). Cette perte indique que nous sommes en train de dépenser très rapidement notre « capital de glace », comme l’appelle M. Fortier. Les scientifiques appréhendent le moment où cette glace pluriannuelle disparaîtra complètement, notamment à cause de l’effet de l’albédo qui va s’ajouter à l’effet de serre induits par les gaz anthropiques émis dans l’atmosphère. Au vu de la tendance actuelle, le couvert de glace disparaîtra, non pas en 2050 comme le prévoyaient certains modèles, mais autour de 2015, ainsi que le prévoyait de modèle le plus pessimiste publié en 2005 par Maslovski et coll.

Inuit
Inuit (crédit photo : Arctinet)

Louis Fortier rappelle que la fonte de la glace n’est qu’un des aspects de l’élévation de la température arctique. On observe également une régression des plateaux de glace côtiers et des glaciers. Ces phénomènes ont un impact direct sur les communautés inuites, impacts qui ont déjà commencé à se faire sentir. À titre d’exemple, on a été obligé de construire des digues pour empêcher des villages inuits de tomber dans la mer ! En plus de l’érosion côtière, les Inuits subissent la fonte du pergélisol, un accès à l’eau potable restreint et une dépendance accrue aux aliments industriels, lesquels provoquent des problèmes de santé tels que diabète, maladies cardio-vasculaires et cancers.

Le réchauffement de l’Arctique représente également une menace sévère pour les animaux qui y vivent, car se sont des animaux hyperspécialisés dont la survie dépend énormément de la présence de la glace, et qui le plus souvent ne pourront s’adapter à sa disparition. Ces espèces s’ajouteront alors à la liste de celles qui ont déjà disparu, réduisant ainsi encore un peu plus la biodiversité de la planète.

Sources :

Cet article reprend la partie scientifique d’un article initialement écrit par l’auteur sur le site de Chimistes pour l’environnement.

 

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