jeudi, novembre 21, 2024

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L’intégration du lien entre économie, environnement et santé

Il est des écrits, comme ça, qui montrent sans en voir l’air que les mentalités changent tranquillement. Un petit article paru il y a peu dans la revue Nature [1] en dit long sur la banalité qui est en train de s’établir sur le lien qui lie activité économique et pollution, du moins dans certains milieux. L’article en question porte le développement foudroyant de la Chine et de ses conséquences sur l’environnement et par suite, sur la santé. On y rappelle d’abord que le Fonds monétaire international (FMI) annonçait l’an dernier que l’économie de la Chine surpassait dorénavant celle des États-Unis, avec un « poids » économique qui représente désormais 16,5% du PIB mondial. Cependant, cette expansion économique débridée est réalisée à un coût environnemental plutôt lourd. Il est en effet bien établi que l’explosion industrielle chinoise s’effectue au prix d’une dégradation de l’air, des terres, et d’une dégradation de la qualité de l’eau et des sols. Le développement de la Chine représente ainsi un exemple type qui illustre de facto la relation entre activités économique, environnement et santé.

Ainsi, citant des travaux de recherche conjoints de Chine, des États-Unis et d’Israël [2], l’article souligne que l’exposition à de l’air pollué s’est traduit par une diminution de 5 ans de l’espérance de vie de 500 millions de personnes dans le nord de la Chine. Et selon l’organisation mondiale de la santé [3], les maladies respiratoires pourraient tuer plus de 3 millions de Chinois chaque année d’ici 2030. Ces données sont impressionnantes et, de fait, la Chine est souvent stigmatisée pour la dégradation de son environnement. Mais que l’on ne s’y trompe pas, les mêmes phénomènes ont lieu partout sur la planète dans les pays industrialisés. Il se trouve qu’ils sont particulièrement apparents en Chine du fait du rythme effréné du développement économique. L’inde et d’autres pays émergents suivent néanmoins la même trajectoire alors que les pays occidentaux ont ouvert la voie durant les deux derniers siècles.

Dans un second article [4], on rappelle que juste avant le sommet de l’APEC Asie-Pacifique à Beijing en novembre 2014, le gouvernement chinois a imposé des mesures visant à réduire le smog. Pour ce faire, la production de milliers d’industries et de travaux ont été arrêtés une semaine avant le sommet, et la circulation alternée a été imposée selon les plaques d’immatriculation paires et impaires afin de réduire la circulation. De façon remarquable, ces mesures ont permis aux habitants de Beijing de voir réapparaître le bleu du ciel, une amélioration qui a persisté pendant une semaine après le sommet. Ces dispositions ont également engendré une baisse de 30% de la concentration de particules de 2,5 microns et moins (PM2,5) à Beijing et dans les régions avoisinantes par rapport à 2013. Cette action « coup de poing » conduite à court-terme par les autorités chinoise ne laisse aucun doute sur ce qu’il reste à faire pour améliorer les conditions de vie des citadins, et par extension, sur ce comment agir pour remédier aux diverses crises environnementales, notamment la pollution.

Les articles comme ceux-ci, anodins en apparence tellement le propos va de soi, montrent que le lien entre les activités humaines, l’environnement et la santé est maintenant totalement intégré dans les milieux scientifiques. Alors que la population générale tarde à en prendre conscience, il devient de plus en plus clair que les activités économiques telles qu’elles sont pratiquées actuellement nuisent de plus en plus directement aux populations, notamment à leur santé. Les rapports et publications sur ce thème s’enchaînent les uns après les autres et montrent qu’il devient de plus en plus difficile de négliger les effets de la détérioration environnementale sur la santé.

Bibliographie

[1] H.-W. Xiao et coll. Pollution: Uncouple from economy boom Nature 517 145 (2015)
http://www.nature.com/nature/journal/v517/n7533/full/517145b.html

[2] Y. Chen et coll. Proc. Natl Acad. Sci. USA 110 12936 (2013)
http://www.pnas.org/content/110/32/12936.abstract

[3] V. Hughes Public health: Where there’s smoke Nature 489 S18 (2012)
http://www.nature.com.acces.bibl.ulaval.ca/nature/journal/v489/n7417_supp/full/489S18a.html

[4] Y. Liu et al. Pollution: Build on success in China Nature 517 145 (2015)
http://www.nature.com/nature/journal/v517/n7533/full/517145d.html

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