Une gouvernance permettant de rendre notre civilisation viable fait face à plusieurs grands défis. Un des plus importants est sans doute celui de la corruption. La corruption résulte de la tendance naturelle chez Homo sapiens à vouloir faire de l’argent sans égard aux conséquences négatives, voire désastreuses, sur les autres ou sur l’environnement. La corruption, quand elle existe, peut miner toute sphère de la société et les tentatives sérieuses visant à prendre un virage réellement vert seront extrêmement compliquées, et en fait inefficaces, si les chefs d’état et/ou les hauts fonctionnaires sont corrompus ou se laissent corrompre. La corruption peut par exemple faire en sorte que des fonds alloués à la préservation du capital naturel ou à l’amélioration de la qualité de vie des populations ne servent tout simplement pas à cette fin et aillent dans les poches personnelles de quelques haut placés. Dans le système économique actuel, certains lobbies, trusts ou grandes compagnies ont ainsi des pratiques qui nuisent au bien commun ou aux communautés locales et enrichissent des fonctionnaires ou chefs d’état corrompus [1] L’exemple de l’accaparement des terres (voir ci-dessus) en est l’illustration contemporaine par excellence. Le secteur du pétrole est également propice à la corruption [1,2]. Il existe hélas nombre de multinationales ou entreprises qui n’ont pas d’intérêt pour des pratiques économiques vertes ou sociales, et grâce à la complicité des gouvernements, elles représentent plus souvent qu’autrement un frein au développement de sociétés viables. Or, qui, sinon l’État, peut adéquatement sauvegarder le patrimoine naturel et protéger les communautés locales contre de tels abus ?
Une autre difficulté associée à la gouvernance concerne l’économie dont l’influence est très forte sur les politiques gouvernementales. Qu’on le veuille ou non, le système capitaliste étend ses impératifs, non seulement sur l’ensemble des nations, mais aussi à tous les niveaux de la société, de sorte que les États doivent s’accommoder des contraintes qu’impose ce système. Ils doivent notamment composer avec les diverses crises économiques qui jalonnent notre histoire et qui sont amplifiées du fait que l’économie est globale, et ce depuis le 20e siècle. C’est aussi la forte pression des lobbies, par exemple celui des énergies fossiles, qui influence fortement les décisions politiques, parfois alors que les décideurs sont en conflit d’intérêt (patronage) [1]. Si les liens entre économie et politique sont étroits, nos gouvernements devraient pourtant voir la protection du capital naturel comme un investissement et non comme une dépense, autant en zone rurale qu’urbaine. Quelles sommes seraient ainsi économisées si les villes étaient aménagées adéquatement, de sorte à éviter les décès causées par les îlots de chaleur ou par la pollution atmosphérique ? Réussir ce genre d’exploit n’est néanmoins pas la solution de facilité et demande une vision d’envergure à long terme. Avoir un projet qui prenne en compte les intérêts collectifs à long terme est une qualité dont tout gouvernement devrait être pourvu s’il veut réellement s’attaquer aux causes profondes de l’insoutenabilité des sociétés.
Des problèmes de gouvernance sont ainsi liés à la durée limitée des gouvernements et aux échéances électorales qui freinent la prise en compte des intérêts communs à long terme et qui incitent davantage à pallier les effets néfastes de la dégradation environnementale plutôt qu’à prévenir cette dégradation. Si les états veulent devenir viables, une transformation du système de gouvernance s’avère indispensable. Les systèmes étatiques devraient par exemple comporter une institution qui soit indépendante des élections et des intérêts privés, qui priorise les intérêts collectifs à long terme, et à laquelle le gouvernement élu aurait nécessité de se référer pour légiférer. Un autre problème lié au précédent tient au fait que les gouvernements manquent de courage politique pour prendre des mesures d’envergure visant à réduire l’empreinte écologique des nations. Non seulement les États sont limités par des législatures courtes, mais, comme les entreprises, ils sont prisonniers du système économique capitaliste, ainsi que de la gouvernance internationale actuelle qui ne favorise pas des politiques véritablement vertes. Planifier à long terme est également complexifié par la vitesse d’évolution de la société, notamment de la technologie, et par la transformation progressive de la planète qui demande et demandera d’adapter les politiques et les réponses apportées aux grands enjeux.
Il faut ajouter à cela le fait que les réformes semblent difficiles à implanter car les populations sont généralement frileuses (parfois à juste titre) quand leurs acquis semblent menacés. Elles craignent souvent les changements et s’opposent aux réformes. Il est difficile de planifier une réforme sans qu’un groupe de pression ne monte aux barricades. Or, on le sait, la situation planétaire nécessite des mesures de grande ampleur qui incitent les changements de comportements, des mesures probablement impopulaires. Nous devons par exemple considérer individuellement les compromis que nous devrions faire pour la collectivité et les générations futures. Mais qui est réellement prêt à faire quelque sacrifice que ce soit ? Parmi des mesures potentielles à mettre en œuvre, mentionnons le fait de faire payer les déchets, restreindre les déplacements en auto et faciliter le transport en commun, taxer les énergies fossiles et promouvoir les énergies vertes, promouvoir le commerce local, etc.
Enfin, jusqu’à récemment et encore aujourd’hui, certains gouvernements, aussi bien au niveau national que municipal, montrent peu de conscientisation vis-à-vis des crises écologiques et de l’urgence d’agir. Cet état de fait est exacerbé dans le cas où, pour des raisons purement idéologiques, des politiciens se persuadent que la croissance économique capitaliste est l’unique modèle économique, les incite désespérément et illusoirement à promouvoir les énergies fossiles, qu’ils négligent sciemment l’importance de la nature sur la qualité de vie, et nient les transformations de l’écosphère et/ou l’origine anthropique de ces transformations.
Bibliographie
[1] Transparency International, « Global Corruption Report : climate change, » TI, London, (2011) http://www.transparency.org/whatwedo/publication/global_corruption_report_climate_change, consulté le 25 mars 2015.
[2] Transparency International, « Global Corruption Report – Special focus on political corruption, » TI, London, (2004) http://www.transparency.org/whatwedo/publication/global_corruption_report_2004_political_corruption, consulté le 25 mars 2015.
Comme vous le dites si bien, sommes-nous vraiment prêt a faire les sacrifices nécessaires pour souffler, si je peux dire, la grisaille qui enveloppe tranquillement la planète. Comme dans la plupart des pays industrialisés, ceux qui ce soucis de l’environnement ce retrouve dans la classe moyenne. Les mieux nantis de la société sont quant à eux actionnaires dans les différentes sphère de l’activité économique et demande du rendement pour que leurs investissements rapporte le plus possible. Les compagnies n’ont d’autre choix que d’investir sur la rentabilité plutôt que d’élaborer des pratiques plus saine de développement qui serait certainement plus rentable au niveau écologique. Nos gouvernements ce retrouvent eux au sommet de l’individualisme ou tout n’est que pouvoir sans regard sur les conséquences à long terme de leurs inactions à investir dans l’avenir plutôt que dans le moments présent. Les pays où la misère règne de façons générale, ne font que très peu d’efforts pour contrer les problèmes de déchets, faute de moyen et d’argents, et l’empreinte écologique qu’il laisse prendra des millions d’années à ce résorber. Comme la classe moyenne tent de plus en plus à disparaître, l’avenir de la planète va se retrouver entre les mains d’une classe de la société qui n’a qu’une vision à très court terme des enjeux qui ce dessine devant eux.
Merci de cet autre commentaire pertinent. Nous sommes d’accord que nos gouvernants ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour sauver la planète et nous par le fait même. Plusieurs raisons expliquent cela. Les individus ont également le bout de chemin à faire.