dimanche, avril 28, 2024

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Cartographie des zones naturelles exemptes de routes

L’essor des routes étant un des facteurs principaux d’anthropisation des territoires, il est important de répertorier et quantifier leur présence sur la surface terrestre et leur intrusion dans les environnements encore intègres et protégés. Pour aider à la conservation des espaces naturels, des chercheurs ont cartographié à l’échelle planétaire les zones terrestres exemptes de routes [1]

L’impact des routes

Les infrastructures routières représentent des vecteurs du développement économique. Cependant, avec l’établissement de terres agricoles et d’élevage, l’urbanisation et l’établissement de sites miniers, gaziers ou pétrolifères, le développement du réseau routier est une des causes principales de l’anthropisation et la fragmentation des habitats naturels.

Ces deux effets sont bien connus pour menacer la survie de la faune, de la flore, les interactions inter-espèces et déplacements, et ils modifient les « flux génétiques » entre populations. Les routes sont aussi à l’origine de pollution chimique, perturbations sonores et facilitent les mouvements des espèces invasives. Globalement, les routes représentent une menace pour le bon fonctionnement des écosystèmes.

Il est donc de première importance d’avoir une vue globale du déploiement du réseau routier. Inversement, dans un objectif de conservation de la nature, il est important de connaître les espaces naturels qui n’ont pas encore été anthropisés, ne serait-ce que par le passage d’une route.

Quantifier la présence des routes et la valeur des terres sans route

Comme l’influence des routes s’étend au-delà de la chaussée elle-même, les auteurs ont considéré un couloir jouxtant les routes dans leur évaluation. Si on considère un « couloir-tampon » de un kilomètre, on constate que 80 % de la surface terrestre est encore exempte de route, soit environ 105 millions de km2. Cette aire indemne est cependant fragmentée en ~600 000 parcelles, dont plus de la moitié sont inférieures à 1 km2 et seulement 7 % sont plus grandes que 100 km2 (correspondant à un carré de seulement 10 km2).

Si on considère un couloir-tampon de 5 km, la surface des terres considérées sans route tombe à environ 57 % de la surface terrestre (environ 75 millions de km2), fragmentée en ~50 000 parcelles.

Pour caractériser la qualité éco-fonctionnelle de ces parcelles, les auteurs ont développé un indice (normalisé entre 0 et 100) qui prend en compte la taille de ces parcelles, leur connectivité et leur fonctionnalité pour les écosystèmes [1]. Un tiers des surfaces terrestres où les routes sont absentes ont une valeur écologique faible du fait qu’elles sont petites, fragmentées, isolées ou sont fortement perturbées par l’être humain [1].

On retrouve de larges surfaces sans route dans des régions arides (nord de l’Afrique ou Asie centrale) [1]. Ces zones ont une végétation éparse et une faible biodiversité, et ont donc une faible valeur éco-fonctionnelle. On retrouve des régions sans route à haute valeur écologique aux Tropiques et dans la forêt boréale [1].

Gérer l’expansion du réseau routier

Il faut aussi considérer qu’en termes de conservation de la nature, l’importance des territoires sans route peut dépendre du contexte régional [1]. Par exemple, des régions sans route qui subissent des perturbations anthropiques modérées peuvent avoir une grande valeur dans des régions avec un réseau routier dense comme c’est le cas dans la plus grande partie de l’Europe ou le sud du Canada [1].

Selon les auteurs, une gestion adéquate du développement des routes pourraient contribuer significativement à la sauvegarde de la biodiversité (et à l’atteinte des objectifs d’Aïchi de la Convention sur la Diversité Biologique), ainsi qu’à certains des objectifs du développement durable. Les auteurs recommandent de réserver l’expansion du réseau routier à des zones ayant une valeur écologique faible ou, carrément, de la limiter.

Référence

[1] Pierre L. Ibisch, A global map of roadless areas and their conservation status, Science 354 (2016) 1423

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