La hausse de la température planétaire à tendance à accroître la productivité des forêts en augmentant le taux et la période de croissance des arbres. Mais cet effet pourrait être annulé et même renversé par un possible manque d’eau qui aurait alors tendance à limiter leur croissance.
Il est important de comprendre l’effet du réchauffement de la planète sur les espèces vivantes, en particulier sur la végétation. En général, la végétation a tendance à croître davantage quand la température globale augmente. Cependant, les effets du réchauffement dépendent beaucoup de son ampleur et des espèces considérées. Des études plus spécifiques sont donc nécessaires. Une étude récente porte sur la croissance de la forêt boréale du Québec dans un contexte de réchauffement climatique [1].
Selon ces travaux, la croissance de la plupart des conifères est habituellement limitée par le manque d’eau dans les régions plus au sud tandis qu’elle est surtout limitée par les basses températures au nord. Cependant, certaines essences comme les bouleaux et les trembles ne suivent pas ce schéma et sont moins vulnérables au sud. Ceci montre que lorsque l’on étudie les effets de la température sur la nature, il faut considérer que les espèces peuvent réagir différemment selon la localisation, y compris au sein d’une même classe taxonomique.
Les chercheur(e)s de l’étude ont trouvé qu’avec le réchauffement planétaire à venir, il y aurait une croissance forestière plus faible au sud et plus élevée au nord. Comme on peut le voir également, l’impact du réchauffement climatique peut effectivement varier selon les régions. Le bilan sur l’ensemble du territoire est que la croissance au nord surpasserait le déclin au sud. Donc globalement, la croissance des arbres s’améliorerait. En effet, avec un le réchauffement, la durée de la période de croissance augmenterait (printemps plus hâtif, automne retardé) et le rythme de croissance augmenterait. Ces résultats sont en accord avec d’autres travaux similaires.
Le gain en productivité forestière pourrait atteindre 13 % jusqu’à un réchauffement planétaire de 2 °C. Cependant, au-delà de cette température, les précipitations pourraient diminuer et les arbres pourraient manquer d’eau. Par conséquent, les pertes dues à une relative sécheresse compenseraient et même dépasseraient les gains occasionnés par la hausse de la température. Au total, la croissance forestière diminuerait au-delà d’un réchauffement de 2 °C.
Comme on peut le voir, une hausse de la productivité des forêts résultant du réchauffement anthropique pourrait avoir lieu mais elle pourrait bien n’être que transitoire.
Notes et références
[1] Loïc D’Orangeville et coll., Beneficial effects of climate warming on boreal tree growth may be transitory Nature Communications 9 (2018) 3213 https://www.nature.com/articles/s41467-018-05705-4
Marie-Claude Bourdon, Deux degrés maximum, ActualitésUQAM, 13 août 2018 https://www.actualites.uqam.ca/2018/article-nature-fixe-seuil-rechauffement-foret-boreale