S’adressant à l’ensemble des délégués à l’occasion de la Conférence des Parties sur les changements climatiques à Paris en 2015 (COP21), Justin Trudeau proclamait : « Canada is back. We’re here to help ». Le nouvellement élu Premier ministre du Canada laissait ainsi entendre que le Canada allait dorénavant faire sa part dans la réduction des gaz à effet de serre (GES) et renouer avec le rôle clé que le pays avait joué lors des négociations internationales. Alors, on se disait que peut-être le Canada allait montrer la voie en matière d’environnement en général, et de climat en particulier.
Las ! Trois ans plus tard, l’illusion a fait long feu. Assez rapidement, on apprenait que les cibles de réduction des GES du Canada resteraient désespérément faibles, identiques à celles du gouvernement conservateur précédent. Ces cibles sont honteuses et le Canada, lamentablement, ne réussira même pas à les atteindre. Bel exemple à donner aux autres nations du monde : les nantis Canadiens incapables, et même réticents, à faire leur juste part pour la réduction des émissions de GES…
À part des consultations pour une stratégie de développement durable qui semblaient prometteuses, le gouvernement n’a pas fait grand-chose. L’action du gouvernement se concentre sur la mise en place à l’échelle fédérale d’une taxe carbone. Décision timorée s’il en est, mais au moins il faut bien commencer quelque part (à condition que cela ne retarde pas la transition écologique). Quand on n’a rien, on se contente de peu… Et très peu en l’occurrence.
Mais très récemment nous apprenions en plus que le gouvernement Trudeau diminuait l’ampleur de la taxe carbone des entreprises pour certains secteurs, en invoquant la compétitivité face aux États-Unis. Force est donc de constater que ce gouvernement ne fera rien pour lutter contre les changements climatiques qui ne contrecarre l’économie. Ce recul désolant s’ajoute à l’annonce du rachat du pipeline de Kinder Morgan par le gouvernement canadien, une décision aussi anachronique qu’inepte. Ce choix n’est même pas justifié d’un point de vue économique.
Justin Trudeau ne se lasse pas de répéter que l’environnement et écologie vont de paire. Il le répète comme un robot. Voici donc sa compréhension et sa démonstration de ce qu’est le développement durable : un moyen de poursuivre la croissance économique en faisant croire que la question environnementale est importante. Ces actions confirment s’il en était encore besoin que le libéralisme économique et ses variantes ne seront jamais capables de remédier à la dégradation continue de l’environnement.
En fait, la méthode libérale pour protéger la planète consiste à privilégier l’économie à tout prix, et accessoirement de réduire l’empreinte écologique, si cela ne dérange pas trop les entreprises. Tout cela au nom de la croissance. Ce n’est certainement pas une manière appropriée de concilier écologie et économie. Nous avons besoin d’une politique radicalement différente, une politique fondée sur de nouvelles bases, sur de nouveaux principes.
Ces événements nous amènent à conclure qu’en ce qui concerne le gouvernement libéral de Justin Trudeau, nous assistons à « Canada is back… to keep on with obsolete practices ». Et en plus de constituer un recul pour le Canada, la politique de Justin Trudeau nuit au mouvement global visant à réduire les GES et la dégradation de la planète. En l’occurrence, « Canada does not help. Canada is harmful » !
Références
‘Canada is back,’ says Trudeau in Paris. ‘We’re here to help’, The Star et The Canadian Press, 30 novembre 2015 https://www.thestar.com/news/canada/2015/11/30/busy-day-for-trudeau-at-paris-climate-change-talks.html ; Justin Trudeau tells Paris climate summit Canada ready to do more, James Fitz-Morris, CBC News https://www.cbc.ca/news/politics/trudeau-address-climate-change-paris-1.3343394
Allocution de Justin Trudeau à la COP21, 30 novembre 2015, Paris https://www.youtube.com/watch?v=8uaBxCMlerQ
Alexandre Shields et Hélène Buzzetti, Taxe sur le carbone: Ottawa se plie «aux pressions de l’industrie», Le Devoir, 2 août 2018 https://www.ledevoir.com/societe/environnement/533664/ottawa-se-plie-aux-pressions-de-l-industrie