En dehors de réchauffer les basses couches de l’atmosphère, un des effets de l’augmentation anthropogénique de la concentration de CO2 est de faire croître les arbres plus rapidement, un effet dit de « fertilisation » qui pourrait possiblement contribuer à ralentir le réchauffement planétaire.
Cependant, dans un article « perspective » paru dans la revue Science [1], Christian Körner de l’Institut de botanique de Basel (Suisse), nous avertit que le taux de croissance des arbres ne joue en soi aucun rôle bénéfique sur la capture du carbone à long terme. En fait, l’effet pourrait même être inverse.
Les arbres représentent un puits de carbone parce qu’ils transforment le CO2 en fibres ligneuses par photosynthèse. Cependant, une fois les arbres arrivés à maturité, ils ne stockent plus de carbone et le libèrent par la suite au cours de leur décomposition. Par conséquent, le rôle de puits de carbone ne dure que lors de la phase de croissance de l’arbre et ne sera augmenté que si les arbres ont une plus grande longévité (de l’ordre de quelques siècles) ou, évidemment, s’ils sont plus abondants.
Or, quand les arbres sont stimulés par un excédent de CO2, ou bien ils parviennent à maturité plus rapidement ou bien ils ont une durée de vie écourtée (un roulement plus rapide). Il n’y a donc aucun gain en termes de stockage du carbone. Si donc on veut considérer les arbres comme une stratégie de séquestration du carbone, il faut donc nécessairement protéger les vieilles forêts de l’exploitation forestière et accroître la surface du territoire forestier.
Ajoutons qu’aucune stratégie de lutte aux changements climatiques ne pourrait sérieusement tabler sur un effet de fertilisation qui, même s’il avait pu s’avérer bénéfique, n’aurait qu’un impact négligeable sur les émissions globales de GES. La solution se trouve forcément dans une transformation de notre système socioéconomique, de nos modes de vie et de notre conception du bien-être.
Bibliographie
[1] Christian Körner, A matter of tree longevity Science (2017) 355 130
Ceci est vrai, sauf si on stocke le bois pendant quelques siècles, dans les charpentes de nos maisons ou de nos édifices religieux. Les architectes utilisent de plus en plus le bois dans les constructions.
Emilie: remarque interessante, meme hélas meme avec « quelques siècles » les bénéfices pour la decarbonation de l’atmosphère ne seront pas énormes et /trop/ tardifs. Car la quantité/volume de bois utilisable pour des constructions humaines restera dérisoire face à l’ampleur des quantités de charbon petrole gaz utilisés depuis la révolution industrielle, et en regard des surfaces de foret qu’on saurait maintenir en forte croissance /sans trop de machines-petrole!/. Les forets à l’équilibre/climaciques/ absorbent bien moins de CO2, elle jouent par contre un role de tampon en cas de hausse CO2 mais c’est à double tranchant: elles auront un role carbonant si elles déperissent /liberation de CO2 par la dégradation au sol/!
L’effet positif attendu de votre proposition peut etre aussi compromis par d’autres choses. Par ex s’il s’agit de faire plus de constructions bois pour se deculpabiliser, pour plus de confort pour plus humains ou animaux d’élevage, nous renforcerons la fuite en avant à vouloir toujours de la croissance d’activité, de la facilité à vivre, une démographie humaine sans borne, au détriment des espaces et plantes et microorganismes dont nous dépendons,…
Votre idée reste pertinente bien sur, et à activer comme en fait toute autres « solutions », car nous avons besoin d’agir à tous niveaux pour qu’au global ces contributions pèsent /assez/ en synergie à décarboner urgemment tout en préservant ce qui peut l’etre de notre confort et culture, dont, oui, nos edifices en bois
Alors OUI il faut reactiver la filière bois et la prioriser, à visée multiple: économique, ecologique, … et je dirais sociologique /pour se reconnecter aux éléments naturels/.