Selon une étude parue dans la revue Nature [1], les résidents des États-Unis ont une perception plutôt favorable du climat actuel. Elle confirme que l’opinion des individus vis-à-vis des changements climatiques se fonde au moins en partie sur la perception de la météo locale. Cette étude suggère que pour l’instant les individus trouvent les hivers plus agréables (plus doux) qu’il y a 40 ans, et que cette perception positive n’est pas contrebalancée par les aspects négatifs liés à des étés moins agréables (plus chauds et plus humides) [1].
Pour tirer ces conclusions, les auteurs de l’étude utilisent un modèle qui décrit la taille et la migration des populations en fonction de divers facteurs dont les paramètres météorologiques. L’étude se base sur l’hypothèse que la taille d’une population et les changements de lieux de résidence sont influencés par le climat que les individus subissent et préfèrent. Ces travaux permettent aux auteurs de calculer un index de préférence météorologique des populations [1].
Ils concluent que 80% des Étatsuniens vivent dans des régions où la météo est perçue comme plus agréable qu’il y a 40 ans. Cependant, cette perception positive du climat actuel risque avec le temps de changer du fait de la poursuite du réchauffement planétaire. Les aspects négatifs liés à des étés plus inconfortables risquent en effet de dépasser la perception positive des hivers doux. La perception climatique pourrait donc s’inverser dès la fin du présent siècle [1].
Ce type d’étude peut aider les décideurs à ajuster leurs politiques de lutte contre les changements climatiques puisque les populations peuvent être aujourd’hui plutôt réticentes à soutenir les taxes et autres réglementations visant à réduire les émissions de GES, mais elles pourraient être davantage mo tivées à le faire avec le temps. D’ici là, les gouvernements vont devoir faire preuve d’imagination, de tact, de sensibilisation et de persuasion pour convaincre les populations et mettre en œuvre ses politiques.
Si un tel mécanisme de réaction des individus semble assez simple pour les changements climatiques, qu’en sera-t-il de la volonté des populations de lutter contre l’érosion de la biodiversité, la détérioration des sols ou la déforestation, alors que les effets de ces crises écologiques sur les populations apparaissent pour le moins abstraits au commun des mortels ?
Référence
[1] Patrick J. Egan & Megan Mullin. Recent improvement and projected worsening of weather in the United States Nature (2016) 532 357-360 http://www.nature.com/nature/journal/v532/n7599/full/nature17441.html