Comme on l’a vu plus haut, de même que la croissance démographique, le système socioéconomique et la nature humaine, la technologie est un facteur qui influence l’intensité de l’impact environnemental des activités humaines. D’une part elle semble nous avoir protégés de la dégradation écologique (paradoxe de l’environnementaliste), d’autre part elle aggrave cette dernière, notamment du fait de la rapidité de l’innovation technologique (le « progrès ») et de sa complexification croissante. À l’échelle géologique, le progrès, comme l’évolution des civilisations, est extrêmement rapide. À côté, l’évolution des organismes vivants et celle de leur comportement semblent figées. Les bactéries et certains ravageurs de culture constituent cependant des contre-exemples puisqu’ils peuvent suivre une évolution très rapide comme l’illustre leur capacité à devenir respectivement résistantes aux antibiotiques et aux pesticides. Mais malgré cela, la technologie a évolué beaucoup plus vite que ne peut le faire l’évolution en 250 ans. Et plus globalement, bien que la Terre ne soit jamais parfaitement à l’équilibre ou globalement immuable, l’écosphère semblait être dans un état plutôt stationnaire depuis la dernière période géologique, l’Holocène, tout au moins jusqu’à une époque récente comme on l’a vu ailleurs…
Or, le progrès technologique existe essentiellement parce que l’être humain est capable de transmettre son savoir et son savoir-faire à ses semblables, à ses descendants. Et il est un des rares animaux à l’être. Certains primates sont capables par imitation d’apprendre de leurs parents ou leurs congénères, mais seul Homo sapiens a une capacité d’apprentissage aussi développée. Par suite, chaque nouvelle génération peut apprendre de la précédente, s’appuyer sur l’expérience et les inventions passée, de sorte que, comme on l’a vu plus haut, le savoir et le savoir-faire s’additionnent avec le temps [1]. Chaque génération peut ainsi se reposer sur le savoir accumulé et se rendre un peu plus loin que la précédente ; c’est le progrès, et c’est unique à l’être humain.
Bibliographie
[1] T. Veblen, On the nature of capital; investments, the productivity of capital goods. Quat. J. Econ. 22 517–542 (1908).