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Les sécheresses limitent la séquestration de carbone

La production primaire de matière organique, et donc la séquestration globale de carbone, a diminué sur la Terre entre 2000 et 2009, à la suite des fortes sécheresses ayant eu lieu durant cette période.

La production primaire nette (PPN) de matière organique représente la quantité de carbone atmosphérique fixé par les plantes qui s’est accumulé sous forme de biomasse (cette matière organique est alors disponible pour les consommateurs dits « primaires » de la chaîne alimentaire). Ce carbone provient essentiellement du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, et est donc important dans la régulation des gaz à effet de serre et donc dans le bilan radiatif de la Terre. La figure ci-dessous montre la forte corrélation négative entre la variation annuelle de la PPN et celle du taux d’accroissement du CO2 atmosphérique.

Relation production primaire-CO2
Variation annuelle de l’écart à la normale de la production primaire nette (PPN) et de l’écart à la moyenne du taux d’accroissement du CO2 atmosphérique. Ce dernier est inversé pour faciliter la lecture. (Source : Zhao et Running Science 329 (2010) 940-943).

Des études antérieures ont montré qu’entre 1982 et 1999, l’augmentation de la température et des radiations solaires avaient conduit à une augmentation globale de la PPN. Or, la dernière décennie (2000-2009) a été la plus chaude sur la planète depuis que les données existent. On se serait donc attendu à un accroissement de la PPN. Cependant, des résultats parus récemment dans la revue Science suggèrent plutôt qu’une réduction de la PPN de 0,55 pentagrammes (1 Pg=1015 g) a eu lieu, ce qui s’est traduit par une persistance du carbone dans l’atmosphère.

La raison de cette apparente contradiction serait due à l’influence des sécheresses, d’ampleur régionale, qui se sont déroulées durant cette décennie et qui ont fortement ralenti la production de biomasse comme le montre la figure ci-dessous :

Relation production primaire-Sécheresse
Variation annuelle de l’écart à la normale de la production primaire nette (PPN) et de l’intensité des sécheresses (Palmer Drought Severity Index (PDSI)) pour l’hémisphère nord (NH) et l’hémisphère sud (SH). (Source : Zhao et Running Science 329 (2010) 940-943).

Des sécheresses importantes se sont ont ainsi produites en 2000 en Amérique du Nord et en Chine, en 2002 en Amérique du Nord et en Australie, en 2003 en Europe, en 2005 en Amazonie, en Afrique et en Australie, et de 2007 à 2009 sur de larges portions de l’Australie. Globalement, l’hémisphère sud a connu un assèchement général et une subséquente réduction des PPN qui a compensé et dépassé l’augmentation qu’a connue l’hémisphère nord.

Ces résultats sont inquiétants car ils pourraient refléter le fait que la planète agit globalement comme un puits de carbone moins efficace à mesure que le climat se réchauffe. Les auteurs de l’étude mentionnent qu’il est important de poursuivre les mesures de NPP à l’échelle planétaire afin de déterminer si la récente décroissance représente une variation décennale ou s’il s’agit d’un seuil vers une décroissance à long terme de la séquestration de carbone sous-tendue par les changements climatiques.

Source :

Maosheng Zhao et Steven W. Running, Science 329(5994) (2010) 940-943 (doi:10.1126/science.1192666).

Lire le résumé sur le site de Science.

 

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