La recherche scientifique n’a pas encore intégré le développement durable
La recherche scientifique a toujours fait l’objet d’orientations stratégiques, soumise qu’elle est aux politiques et subventions des différent paliers de gouvernement et à l’évolution de la société. Depuis quelques années, il y a une convergence de vue dans certains milieux scientifiques pour que la recherche contribue davantage à la mise en place d’une société véritablement soutenable.
Certes, des chercheurs travaillent déjà dans des domaines aussi divers que la géophysique, la chimie, la biologie, la foresterie, l’économie, la sociologie ou l’architecture, et contribuent à décrire ou trouver des solutions touchant des enjeux tels que les changements climatiques, les procédés de fabrication propres, l’érosion de la biodiversité, les certifications et la responsabilité sociale des entreprises, les comportements de consommation, les bâtiments verts, etc. Cependant, un grand nombre de chercheurs travaillent sur des sujets qui, pensent-ils, n’ont aucun lien avec les thématiques du développement durable.
Ainsi, et comme la majorité de la population générale, les scientifiques se sentent professionnellement, parfois aussi personnellement, peu concernés par la crise environnementale globale et humanitaire que nous connaissons. Bien que l’état de la planète se détériore rapidement et inexorablement du fait des activités humaines, et bien que cela se répercute sur le bien-être des populations, ce ne sont pas toujours des enjeux qui les interpellent dans le cadre de leurs travaux de recherche. Il est exceptionnel par exemple de prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux dans le cadre de recherches fondamentales en physique ou en chimie.
Le développement durable est l’affaire de tous
Or, le concept de développement durable signifie qu’il faut rendre nos sociétés soutenables. La viabilité requiert manifestement de changer les sociétés radicalement, et force est de constater que tout est développement durable, que ce n’est pas un domaine à part ou une spécialité. Il s’agit de faire autrement, d’une nouvelle vision de société, et tous les domaines sont concernés, chacun devant apporter sa pierre à l’édifice. Le développement durable est l’affaire de tous, et dans ce contexte, les chercheurs ont un grand rôle à jouer.
À titre d’exemples, nous devons développer les recherches en sciences sociales, en sciences économiques, en droit, en sciences pures, en agriculture, en aménagements du territoire, etc., pour modifier les comportements de consommation, transformer les modes de production et d’échanges, instaurer une économie verte qui réduise la pauvreté et les inégalités, inventer des matériaux dont l’empreinte écologique soit réduite, accroître l’efficacité des énergies renouvelables et des véhicules automobiles, nourrir la planète toute en préservant les sols, les forêts et la biodiversité, etc. La liste est sans fin. Tous les secteurs sont clairement concernés. Et pour couronner le tout, toutes ces disciplines doivent dialoguer entre elles, car aucun des problèmes sous-tendus par la crise globale ne peut être abordé et solutionné correctement sans une approche pluridisciplinaire.
Des scientifiques appellent à un plus grand rôle de la science dans le développement durable
Des scientifiques l’ont bien compris, parfois depuis longtemps. Le Grand Groupe des scientifiques et de la communauté technologique, par exemple, a une voix privilégiée et exprime son point de vue dans les négociations internationales organisées sous l’égide de l’ONU et y défend les aspects qui lui semblent prioritaires, par exemple le renforcement des capacités et le transfert technologique.
Mais à l’approche de Rio+20, les revendications des scientifiques sont devenues plus aiguës. Ainsi a eu lieu en mars la conférence internationale Planet under pressure au cours de laquelle les scientifiques ont dressé un bilan de la planète et discuté des façons de relever les défis que posent la viabilité de l’humanité. À l’Institut EDS de l’Université Laval, sous l’impulsion de son directeur François Anctil et avec le soutien de ses chercheurs, le Forum universitaires et développement durable a permis d’amorcer une réflexion sur les moyens d’impliquer les universitaires dans le développement durable et les aider à trouver des solutions pour l’intégrer à l’enseignement et à la recherche. Enfin, précédant le Sommet de la Terre Rio+20 d’une semaine, le Forum sur la science la technologie et l’innovation pour le développement durable organisé par l’International Council of Science Unions (ICSU) a abordé les principaux thèmes liés à la viabilité des activités humaines et formulé des recommandations.
Responsabilité sociale de la recherche scientifique
Parmi leurs recommandations, les scientifiques prônent un changement en profondeur des paradigmes, un renouvellement des manières de voir la recherche, une vision plus globalisante. Ils préconisent des solutions centrées sur le long terme, des solutions intégrées, interconnectées et transdisciplinaires. Ainsi la science devrait-elle inclure les préoccupations sociales liées aux découvertes scientifiques.
À titre d’exemple, il faut considérer les risques éthiques, sociaux et environnementaux associés à l’implantation de nouveaux procédés technologiques (biotechnologies, nanotechnologies, etc.), car les innovations technologiques impliquent souvent des mutations sociales et sont inégalement partagées avec les pays en développement. Les scientifiques devraient prendre en compte l’analyse de cycle de vie, et évaluer le plus tôt possible si le sujet d’étude, le produit, mécanisme ou concept va contribuer à rendre la société viable.
On recommande aussi aux scientifiques de s’impliquer auprès du grand public, des citoyens et des décideurs locaux afin de communiquer leurs connaissances et aider à la prise de décision. L’interface entre la science et le politique doit absolument être améliorée. Les scientifiques doivent aussi s’impliquer et se faire entendre, par exemple dans les négociations internationales. Ils devraient devenir de véritables acteurs et des moteurs de progrès social, qui collaborent et contribuent aux prises de position des diverses parties prenantes.
Comme le rapporte T. V. Padma dans un article paru sur SciDev.net, « les scientifiques devraient s’assurer que leur recherche soit éthiquement acceptable par la société ». En d’autres termes, l’idée nouvelle qui émerge progressivement est celle d’une responsabilité sociale de la recherche scientifique, au même titre que les entreprises.
Conclusion
Le développement durable nous concerne tous, les scientifiques comme les autres. De par leurs connaissances, ils ont une position privilégiée pour mettre en place des solutions soutenables et efficaces. Or, les scientifiques ont une capacité exceptionnelle à se renouveler dans le cadre de leurs travaux de recherche. Nul doute qu’ils seront capables d’intégrer les enjeux du développement durable, à condition cependant qu’on leur en donne les moyens. La situation planétaire et les conditions de vie désastreuses de certaines populations l’exigent.
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Un article vide, sans profondeur, qui ne fait que blablater.