Le nouveau rapport du GIEC sur la science du climat est paru il y a quelques semaines, peu avant que ne se tiennent les prochaines négociations internationales sur le climat qui auront lieu à Glasgow sous l’égide de l’ONU (COP26). Pour mieux comprendre comment le climat peut évoluer, voici les principaux résultats du rapport (voir aussi les principales conclusions et les principaux chiffres).
Bien que les puits de carbone naturels (océans, végétation terrestre) vont continuer d’absorber du CO2, la proportion des émissions anthropiques qu’ils seront capables d’absorber diminue à mesure que s’accumulent les GES. Ceci signifie que pour chaque kilogramme de CO2 émis, une plus grande proportion restera dans l’atmosphère pour les scénarios à hauts taux d’émissions que pour les scénarios à bas taux d’émissions (62 % contre 30 %, respectivement), accélérant ainsi le réchauffement mondial.
Le GIEC a en effet étudié différents scénarios d’émissions, dont le spectre va de scénarios où la carboneutralité est atteinte rapidement à des scénarios pour lesquels les émissions persistent aux niveaux actuels. Les scénarios à bas niveau d’émissions suggèrent qu’il est probable que l’on parvienne à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C tandis que la probabilité que cette limite soit dépassée est élevée pour les scénarios ayant des niveaux d’émissions élevés. De même, il est peu probable que l’on dépasse la limite de 2 °C avec un scénario d’émissions de faible niveau.
L’ensemble des GES rejetés dans l’atmosphère jusqu’à aujourd’hui déterminent le destin de la planète et ce, sur des périodes allant du siècle au millénaire. Les GES que nous émettrons à l’avenir feront de même. Les océans vont ainsi continuer de se réchauffer, de deux à quatre fois ce que l’on a connu durant la période 1971-2018 dans les scénarios à faible taux d’émissions, et de quatre à huit fois dans les scénarios à taux d’émissions élevés.
La fonte des glaciers montagneux et des inlandsis polaires est irréversible, au moins en partie, et destinée à se poursuivre durant des décennies voire des siècles. Le dégel du pergélisol est également irréversible sur un horizon séculaire. À plus longue échéance, nous avons d’ores et déjà, et partiellement, fixé l’ampleur de la hausse du niveau des océans. Au cours des 2 000 prochaines années, le niveau des mers montera de 2 à 3 mm si le réchauffement planétaire est limité à 1,5 °C, de 2 à 6 mm pour un réchauffement de 2 °C et de 19 à 22 mm pour un réchauffement de 5 °C. Il continuera également de monter au cours des millénaires suivants.
La circulation thermohaline de l’Atlantique méridional faiblira très probablement dans le futur, et ce pour tous les scénarios d’émissions considérés, mais l’ampleur de cet affaiblissement est sujet à une grande incertitude. De manière générale, la probabilité d’atteindre des points climatiques critiques augmente avec le niveau de réchauffement. Ces seuils critiques, ou points de basculement, correspondent à des situations où des processus planétaires ou continentaux changent de manière abrupte et irréversible, comme la fonte des inlandsis, le dépérissement des forêts ou la modification de la circulation océanique. Les données scientifiques ne permettent pas de déterminer la probabilité d’occurrence de tels phénomènes potentiellement catastrophiques. La science ne peut pas assurer qu’ils n’aient pas lieu, même pour un réchauffement limité à 1,5 °C.