Nous vivons une crise écologique planétaire sans précédent. Les espèces disparaissent ou rentrent dans la catégorie « menacées d’extinction » à un rythme inquiétant. Le laps de temps dans lequel se produit cette érosion est extrêmement court à l’échelle géologique. Le rythme actuel d’extinction est 100 à 1000 fois plus élevé que ce qui a été vécu par le passé. Les raisons de cette érosion ont été parfaitement identifiées : destruction des habitats, surexploitation, pollution, espèces invasives et changements climatiques.
Le responsable de cette crise est l’être humain, et lui seul. L’érosion de la biodiversité est due à l’augmentation de ses activités, qui elle-même résulte de 3 facteurs :
- l’augmentation de la population mondiale
- l’augmentation de la richesse individuelle
- l’impact environnemental des technologies utilisées et du système politique, économique et social
Dans un article paru dans la revue Science (Science 171 (1971) 1212–1217) puis dans Proceedings of the National Academy of Science (PNAS 105 (2008) 11579–11586), Paul Ehrlich, de la Stanford University, a ainsi proposé de quantifier l’impact de l’être humain, I, par l’équation suivante :
I = P×R×T,
où P est la taille de la population humaine, R est la richesse individuelle moyenne et T l’impact environnemental moyen des technologies et du système social, économique et politique utilisés dans la création de richesse.
Or, en 50 ans, la population a été multipliée par 2,4, la richesse individuelle par 2,8 et le produit mondial brut a été multiplié par 7. On comprend dès lors l’impact énorme qu’a l’être humain sur les écosystèmes.
Ainsi, les activités humaines, à force de puiser dans la nature et de rejeter des produits dans l’environnement, épuisent les écosystèmes. Il existe donc une limite à la croissance humaine, car celle-ci atteint les limites de ce que le système Terre peut nous fournir. Or, on sait que la biodiversité rend aux êtres humains des services écosystémiques primordiaux pour leur vie et leur survie. La préservation de la biodiversité devrait donc être une considération essentielle dans chacune des sphères des activités humaines.
Source :
Conférence de Michel Loreau*, professeur de renommée internationale en écologie théorique au département de biologie de l’Université McGill, présentée dans le cadre des colloques du Centre d’étude sur la forêt (CEF) de l’Université Laval le 9 décembre 2010, qui clôturait ainsi ses activités de l’année internationale de la biodiversité.
Michel Loreau œuvre en écologie théorique. Il est professeur au département de biologie de l’Université Université McGill et titulaire de la chaire de recherche en écologie théorique. Il est l’ancien président de DIVERSITAS et d’IMoSEB (International Mechanism of Scientific Expertise on Biodiversity), un organisme semblable au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont la démarche s’est transformée aujourd’hui en Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques ou « IPBES » (en anglais).