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Des autos électriques, c’est pas mal ; moins d’autos, c’est pas mal mieux !

Alors que les gouvernements focalisent sur le transport électrique pour limiter le réchauffement climatique, il est irréaliste de penser que cette vision puisse diminuer suffisamment nos GES, et encore moins notre empreinte écologique globale, sans que l’on réduise la taille du parc automobile de nos riches sociétés industrielles.

La ministre fédérale de l’environnement, Catherine McKenna, vient tout juste de rappeler l’engagement du gouvernement canadien visant à ce que la totalité des véhicules automobiles vendus au pays soient électriques en 2040 [1]. C’est un objectif très ambitieux… Au Québec, l’objectif est d’atteindre 100 000 véhicules électriques ou hybrides vendus en 2020 et 300 000 en 2026 [2]. Ces chiffres sont infimes par rapport à la taille du parc automobile québécois [3].

On comprend cet engouement des gouvernements pour la voiture électrique et l’électrification du transport en général : on réduit significativement les GES, du moins le pense-t-on, et on poursuit la croissance de la consommation, donc de la croissance économique. Comme diraient nos élus, « on peut ainsi conjuguer environnement et économie ». Mais chacun sait que c’est un leurre. Bien qu’économie et environnement puissent aller de pair, cette vision technologique du transport est illusoire.

Premièrement, les avantages de la voiture électrique en termes d’émissions de GES est peu significatif, essentiellement à cause du coût carbone de la fabrication et de la disposition en fin de vie des batteries. Ainsi, pour « rentabiliser » l’empreinte carbone d’un véhicule électrique par rapport à une voiture électrique, il faut que le véhicule ait parcouru plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, une distance qui dépend de la taille du véhicule considéré. Bref, les avantages « carbone » des véhicules électriques sont trop faibles pour avoir un impact positif significatif. Ce qu’il faut surtout, c’est retirer des automobiles de la route.

Ajoutons qu’on ne peut se contenter de ne regarder que l’empreinte carbone de notre consommation. D’autres problèmes écologiques sont liés à la production, l’utilisation et la disposition des autos : émissions de particules, d’ozone ou d’oxydes nitreux dans l’air, empreinte hydrique des véhicules, pollution par les métaux en fin de vie, rareté des matières premières, notamment les métaux rares, impacts des activités d’extraction des matières premières, etc. Ainsi, en termes d’empreinte écologique, la voiture électrique présente bien peu d’avantages par rapport à la voiture à essence (s’il en existe…).

Deuxièmement, toute personne un peu rationnelle et avertie sait que la croissance économique par la consommation matérielle n’est pas soutenable. La conclusion logique pour le secteur des transports est que nous devons collectivement freiner l’achat de nouvelles automobiles, y compris électriques. Et puisque nos émissions de GES doivent être réduites drastiquement, qu’elles sont dues pour une bonne part au transport (40 % au Québec), il apparaît d’autant plus impératif de réduire la taille du parc automobile de nos sociétés.

On notera en passant que l’atteinte de l’objectif d’un parc automobile entièrement électrique sera beaucoup plus facile à atteindre si on diminue la taille dudit parc…

Ainsi, les gouvernements devraient d’abord pour objectif de réduire l’utilisation de l’auto solo. Pour ce faire, ils devraient réduire les investissements dans les infrastructures routières, ils devraient aider les municipalités à densifier leur ville, des villes offrant des services de proximité accessibles, des villes desservies par un transport collectif efficace, et des villes composées d’un ensemble de logements accessibles, y compris pour les ménages à faibles revenus.

Notes et références

[1] Alexandre Shields, Voitures électriques: Ottawa réitère son ambition, Le Devoir 24 janvier 2019 https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/546151/ottawa-promet-que-100-des-vehicules-vendus-seront-electriques-d-ici-2040

[2] Gouvernement du Québec, Propulser le Québec par l’électricité –  Plan d’action en électrification des transports 2015-2020, 22 avril 2016 https://transportselectriques.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/CIAO-050-LG2-MTQ-Rapport2016FRv2.1_.pdf ; https://transportselectriques.gouv.qc.ca/plan-daction/

[3] En 2017, le parc automobile étaient composé selon les données et statistiques la SAAQ de 4,76 millions de véhicules personnels (dénommés « véhicules de promenade ») en 2017 (https://saaq.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/publications/donnees-statistiques-2017.pdf). Si la croissance du parc automobile actuel se maintient au même taux, soit 2,1 % par année (quand le nombre de détenteurs de permis augmente de 1,4 % par année), nous auront en 2020 un parc de 5,06 millions de véhicules personnels. Ces 100 000 véhicules représentent donc un gros 2 % de notre parc automobile (5,3 % en 2026). Au Canada, le nombre de véhicules légers immatriculés étaient de 22,7 millions en 2017 (nombre d’immatriculations de véhicules automobiles, par type de véhicule au Canada, Statistiques Canada, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=2310006701)

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4 Commentaires

  1. Oui, mais…

    Le parc automobile a toujours tendance à s’accroître, surtout avec la tendance à vivre loin des centre-ville.

    Aussi, au-delà du CO2, il y a toute la dimension « qualité de l’air » qui ne semble jamais prise en compte. C’est pourtant la raison première pourquoi la Chine investit autant en électrique. Avec une électrique, c’est simple: zéro émission. Bien sûr, il peut s’en produire pour l’énergie qui sert à les faire fonctionner, mais ces centrales ne servent pas seulement à cela et ne sont pas sous notre nez (littéralement).

    Et on ne risque pas de se tuer en dormant dans notre auto.

    Et les « grilles » électriques, comme aux États-Unis, se verdissent.

    Et la chimie des piles les amènent à être de + en + dense. Donc, moins d’énergie nécessaire pour parcourir une même distance.

    Si les efforts en transport en commun doivent être + importants & soutenus, convertir le + possible notre parc automobile vers l’électrique est assurément une meilleure stratégie écologique que le maintien du modèle des énergies fossiles d’aujourd’hui.

    • Merci de votre commentaire pertinent. Il est clair que les voitures électriques ont un petit avantages par rapport aux voitures à essence, et les polluants autres que le CO2 sont un de ces avantages. Vous avez raison, il ne faut pas les oublier. Encore là, c’est surtout vrai quand l’électricité est fournie par l’hydraulique ou une autre énergie renouvelable parce que quand c’est des énergies fossiles, ce n’est pas très très propre et peut causer bien des problèmes de santé. On obtiendrait également une amélioration de la qualité de l’air s’il y avait moins d’autos sur les routes.
      Et c’est vrai aussi que l’efficacité et l’autonomie de ces voitures/batteries s’améliorent. C’est donc clairement mieux. Mais tout ça n’est pas suffisant avec la croissance actuelle de la demande en biens de consommation. Ne focaliser que sur les voitures électriques est un moyen de ne pas affronter les vrais changements qui sont nécessaires et qui doivent nous amener à réduire. Avec la diminution du prix des autos électriques, elles vont certes devenir aussi accessibles que les autos à essence, de sorte que cela ne diminuera peut-être pas les achats de voitures…

      • Le problème est pris par le mauvais bout.
        S’il est vrai qu’il y a trop de voitures, il est surtout vrai qu’il y a trop d’humains sur terre qui roulent en voiture.
        La solution est simple, moins d’humains. Dénataliser, abolir les primes et d’allocations pour les enfants. Moins de personnes sur la terre et on vivra confortablement en se déplaçant en voiture en la pollution diminuera. Faisons allègrement l’amour mais procréons avec parcimonie

        • Merci de vote commentaire. Tant qu’à moi, comme je l’ai écrit ailleurs, je suis convaincu que c’est davantage une question de gouvernance, d’économie et de valeurs qu’une question démographique.

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