Les facultés olfactives des poissons leur permettant d’éviter les prédateurs semblent affectées par l’acidification de l’eau de mer résultant de l’augmentation de CO2 atmosphérique. Cette « perte de vigilance » représente une menace pour la survie des populations de poissons.
À mesure que la concentration de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique augmente, davantage de ce CO2 se dissout dans les mers et les océans. Ce phénomène conduit à l’abaissement du pH de l’eau de mer, c’est-à-dire à son acidification, un effet qui a des conséquences menaçantes pour la faune marine,
La faune marine est extrêmement sensible aux conditions physico-chimiques du milieu. C’est le cas par exemple des organismes dont le développement repose sur la calcification (corail, ptéropodes, foraminifères, coccolithophoridés, etc.). C’est également le cas de la plupart des espèces benthiques (celles qui vivent sur le fond océanique) qui connaissent un premier stade larvaire au cours de leur existence avant de devenir adulte. Ce stade larvaire les rend très vulnérables d’autant que le taux de mortalité y est très élevé.
Par ailleurs, un nombre croissant d’études scientifiques montrent que des niveaux élevés de CO2 atmosphérique modifient le développement, le métabolisme et le comportement des espèces marines autres que celles qui dépendent de la calcification. Une étude parue dans les Proceedings of the National Academy of Science (PNAS) s’est attachée a montrer l’influence du CO2 sur les facultés olfactives de deux espèces de poisson, le poisson clown (Amphiprion percula) et la demoiselle (Pomacentrus wardi).
La réponse des poissons aux odeurs de leurs prédateurs a été évaluée en les plaçant dans des bassins comportant deux conduits, le premier contenant des substances chimiques représentatives d’un prédateur, le second ne contenant rien. La propension du poisson à éviter son prédateur a été estimée par la mesure du temps de résidence dans les conduits à différentes concentrations de CO2.
Selon certains modèles, la concentration de CO2 atmosphérique, qui est actuellement de 380 ppm (parties par million), pourrait atteindre 500 ppm en 2050 et entre 730 et 1020 ppm d’ici à la fin du siècle. Les résultats de l’étude montrent qu’à 500 ppm, les facultés olfactives des poissons étudiés ne semblent pas altérées. Des modifications physiologiques apparaissent à 700 ppm, les poissons étant davantage attirés par les odeurs de prédateurs. À 850 ppm, l’aptitude des poissons à éviter les prédateurs est complètement annihilée.
Les chercheurs ont également observé que les poissons avaient des comportements plus risqués dans un habitat naturel lorsque la concentration de CO2 augmente. Ces résultats suggèrent que l’augmentation de CO2 représente une menace qui pourrait avoir de graves conséquences pour la survivance des populations de poissons.
Cette étude montre que des quantités accrues de CO2 altèrent considérablement la perception olfactive des poissons à l’égard des prédateurs et modifient leur comportement, ce qui pourrait mettre leur survie en péril. Cette étude confirme que l’absorption du CO2 émis par l’humanité risque d’affecter la faune marine. Les observations qui sont décrites dans cet article impliquent que :
- d’autres espèces animales et végétales risquent elles aussi d’être fortement affectées (les études réalisées ne représentent vraisemblablement que la pointe de l’iceberg quand on réalise la quantité astronomiques d’espèces qui constituent la faune océanique)
- une diminution significative d’une espèce particulière peut affecter l’ensemble de la chaîne alimentaire et des écosystèmes.
Sources :
Philip L. Munday, Danielle L. Dixson, Mark I. McCormick, Mark Meekan, Maud C. O. Ferrari et Douglas P. Chivers « Replenishment of fish populations is threatened by ocean acidification », Proceedings of the National Academy of Science 107 (2010) 12930–12934.
Bonjour
A l’heure actuelle, les changements climatiques, impactent considérablement sur le biotope, la biologie , allant même sur la pathologie ,au point de se poser la question si ce phénomène a un rôle à jouer sur la mutation des virus et bactéries qui deviennent plus résistantes aux traitements existants.
L’acidification des océans, avec toutes les conséquences comportementales et biologiques des poissons, constituent à long terme ,une disparition certaines des espèces , et à fortiori sur les ressources halieutiques des populations côtières en particulier. à elle seule, ne peut être la cause