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Traiter d’abord les causes pour mieux régler les effets

Nos sociétés ont souvent la fâcheuse tendance à vouloir traiter les problèmes qui nous affligent par leurs effets plutôt que par les causes qui en sont à l’origine. Ces façons de faire se révèlent inefficaces et ne règlent jamais à long terme les problèmes sociétaux qui nous affligent.

Un exemple typique de ce travers est donné par certaines formes de délinquance ou de criminalité (notamment celle due à des troubles mentaux), ou encore par la dépendance à la drogue, que les sociétés traitent parfois (souvent ?) par la répression plutôt que par une approche axée principalement sur la prévention. Non seulement la répression ne règle pas le problème dont souffrent les individus, mais la répression (emprisonnement, criminalisation des drogues, limitation de l’accès aux seringues, etc.) empire leur situation la plupart du temps. Dans le cas de l’emprisonnement, la récidive est hélas la norme plus souvent qu’autrement.

Un second exemple nous a été donné récemment par les propos de André Cicolella, chimiste et spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires et auteur de « Toxique planète » [1], propos rapportés dans Le Devoir [2] et dans une entrevue à l’émission de radio Les années lumières [3]. Il s’agit de la vaste problématique de la relation entre la santé et les problèmes environnementaux. Pour André Cicolella, l’impact de la pollution sur la santé publique ne fait pas de doute. Il prône une « révolution de la santé » et soutient qu’il est temps d’agir sur les causes des maladies, notamment les maladies chroniques. Conjuguée aux failles de notre mode de vie (sédentarité, alimentation inadéquate), la pollution, et de façon plus générale un environnement dégradé, sont à l’origine (au moins en partie) de plusieurs maladies chroniques tels les maladies cardiovasculaires et les cancers.

La pollution de l’air, de l’eau et du sol est en effet un facteur qui contribue au développement de diverses maladies ou troubles. Nous sommes en effet soumis à un cocktail chimique dont la diversité et/ou l’abondance s’accroît. S’il ne fait pas de doute que les contaminants que les individus inhalent, ingèrent ou absorbent aggravent la fréquence ou la précocité de certaines maladies, la question est de savoir jusqu’à quel point, car ce problème est complexe. Il est néanmoins à peu près certain qu’avec le temps, les écotoxicologues vont réunir les données qui vont montrer l’ampleur des maladies dites environnementales (dues à un environnement délétère).

Dans la dernière année, différents indices ont augmenté le niveau d’alerte vis-à-vis de l’impact dangereusement néfaste de la pollution. Il s’agit d’abord d’un communiqué qui met en lumière l’aspect cancérigène d’une atmosphère polluée [4]. La relation entre le cancer du poumon et la pollution atmosphérique est ainsi désormais clairement établie. Il s’agit ensuite d’une estimation par l’Organisation mondiale de la santé du nombre de décès prématurées résultant d’un air pollué [5]. Considérés jusqu’à encore récemment comme des facteurs de risques négligeables par rapport à d’autres, et la science continuant de faire des progrès, les facteurs environnementaux viennent hélas à prendre de plus en plus d’importance dans les facteurs de risque en santé. De tels données ne devraient-elles pas inciter les gouvernements à réduire la source du problème, la pollution, et ainsi diminuer les coûts exorbitants du secteur de la santé ?

Conclusion

Il devient de plus en évident que la pollution a des effets à plus ou moins long terme sur certaines pathologies. L’incohérence de nos actions est patente, car non seulement la qualité de vie en est affectée, mais il s’agit aussi d’une erreur économique à long terme. Cependant, force est de constater que s’attaquer aux causes de nos maux demandent des changements sociétaux profonds, des transformations que ni nos gouvernements ni nos concitoyens ne peuvent ou ne sont prêts à accepter.

Références

[1] André Cicolella, Toxique planète – Le scandale invisible des maladies chroniques (2013) Seuil http://www.seuil.com/livre-9782021061451.htm

[2] Mélanie Loisel, Santé publique – Les maladies chroniques forceront une « révolution de la santé » – Un toxicologue français estime que le modèle actuel n’est plus en mesure de faire face à ce problème Le Devoir Actualités, jeudi 14 août 2014, p. A4.

[3] Les Années lumières, émission du 24 août 2014 (Radio-Canada) http://ici.radio-canada.ca/emissions/les_annees_lumiere/2014-2015/archives.asp?date=2014/08/24&indTime=2228&idmedia=7146757

[4] Organisation mondiale de la santé, La pollution atmosphérique une des premières causes environnementales de décès par cancer, selon le CIRC, communiqué du 17 octobre 2013 http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2013/pdfs/pr221_F.pdf;

Agres Predrero, L’OMS classe la pollution de l’air comme cancérigène, La Presse, 17 octobre 2013 http://www.lapresse.ca/environnement/pollution/201310/17/01-4700473-loms-classe-la-pollution-de-lair-comme-cancerigene.php

[5] Organisation mondiale de la santé, 7 millions de décès prématurés sont liés à la pollution de l’air chaque année (2014) http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-pollution/fr/

 

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