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Conférence de Nagoya : vers l’émergence d’un partenariat global pour protéger la vie

En octobre 2010 avait lieu à Nagoya la 10ième Conférence des Parties (CP-10) de la Convention sur la diversité biologique (CDB). M. Ahmed Djoghlaf, le Secrétaire exécutif de la CDB lui-même, en a livré les principaux résultats au cours d’une conférence* organisée le 25 novembre 2010 à l’Université Laval.

En 2002, lors du Sommet sur le développement durable de Johannesburg, les nations avaient pris des engagements visant à ralentir l’érosion de la biodiversité à l’horizon 2010. Huit ans plus tard, force est de constater que ces engagements n’ont pas été tenus. Malgré quelques maigres avancées dans le domaine des aires protégées, davantage d’espèces disparaissent ou sont menacées d’extinction, ainsi que le rapporte les 3ième perspectives sur la diversité biologique. La situation est à ce point critique que l’on redoute de franchir des points de basculement, des points au-delà desquels la perte de certains services écosystémiques que nous rend la nature deviendrait irréversible.

Les raisons de cet échec tiennent en grande partie au fait que personne n’a vraiment pris au sérieux les objectifs du Plan stratégique adopté dans le cadre de la CDB en 2002, et que les plans d’action développés par les Parties ont été plus ou moins tablettées. L’autre raison tient au fait qu’à Johannesburg, on n’a pas défini COMMENT arrêter l’appauvrissement de la diversité biologique.

Les réunions actuelles sur la diversité biologique revêtent une grande importance, car l’urgence de la situation est telle que les décisions prises dans les prochaines décennies vont déterminer l’avenir des espèces pour des milliers voire des millions d’années : l’évolution naturelle est lente alors que les dégâts causés par les activités humaines sont très rapides et considérables. La conférence de Nagoya contenait également à son agenda la préparation d’un nouveau Plan stratégique pour la période 2011-2020.

De plus, les négociations entourant la CDB comporte un volet social particulièrement important qui concerne l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (l’accord visé est désigné par APA pour Accès et Partage des Avantages). Cet accord donnerait ainsi accès aux ressources génétiques d’une Partie à une autre et encadre le partage équitable des bénéfices tirés de leur utilisation. En d’autres termes, les Parties doivent s’entendre pour que les avantages scientifiques, technologiques et/ou économiques tirées de l’utilisation de la biodiversité soient partagés équitablement.

À l’issue de la Conférence des Parties de Nagoya, un Plan stratégique ambitieux a finalement été adopté pour la période 2011-2020 avec, à mi-parcours (en 2015), un examen de l’atteinte des objectifs. Chaque Partie devra revoir d’ici 2 ans son plan d’action précédent et le développer à l’échelle nationale et locale, en prenant en compte, ce qu’il est désormais convenu d’appeler les « cibles d’Aichi** ». Parmi celles-ci, on vise la protection de 17% des terres immergées en 2020 (13% le sont aujourd’hui), et 10% des systèmes marins et côtiers.

La conférence de Nagoya a également permis de conclure in extremis à un accord, dit accord de Nagoya, et qui, aux dires de M. Djoghlaf, est l’instrument juridique le plus important jamais conclu en matière d’environnement. Cet accord est relatif à l’APA et un processus est en marche pour que les Parties s’entendent afin que les avantages scientifiques, technologiques et/ou économiques tirées de l’utilisation de la biodiversité soient partagés équitablement. Cet accord, indispensable et équitable, représente une motivation pour les habitants à protéger la biodiversité locale puisqu’ils pourront profiter de retombées économiques.

Le protocole de Nagoya vise également à diminuer la perte de biodiversité de moitié dans certaines zones et, lorsque possible, de la réduire à zéro. Des pourparlers ont été menés afin de débloquer des fonds pour atteindre l’ensemble des objectifs. La réunion a également renforcé son appui à la création de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le pendant du GIEC pour la biodiversité.

En marge de la conférence de Nagoya, la Déclaration d’Aichi-Nagoya sur les autorités locales et la biodiversité a été adoptée lors du Sommet sur les villes et la biodiversité qui réunissait les maires de 200 villes. Cette déclaration proclame un soutien « à l’adoption du Plan d’action sur les gouvernements infranationaux, les villes et les autres autorités locales en faveur de la diversité biologique (2011-2020) par les Parties, à la dixième réunion de la Conférence des Parties », et réclame la mise en place d’un Plan d’action sur les villes pour la biodiversité. Cette rencontre, pour laquelle 18 650 personnes ont été accrédités, a donc eu des résultats tangibles et bénéfiques, qui doivent beaucoup aux interventions efficaces du pays-hôte, le Japon, dont les représentants ont fait preuve de qualités de rassembleurs lors de cette conférence. Ce succès redonne ainsi confiance dans les négociations internationales de l’ONU sur l’environnement. L’accord de Nagoya est ouvert à signature depuis le 2 février 2011 et entrera en vigueur dès que 50 Parties l’auront signé.

* Cette conférence était organisée par les Hautes études commerciales de l’Université Laval (HEI), l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la francophonie (IEPF) et la Société des relations internationales de Québec (SORIQ).

** Aichi est une préfecture du Japon, celle où est située la ville de Nagoya

Pour en savoir plus :

 

 

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