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Le climat à l’origine de l’extinction de la mégafaune ?

La fin du Pléistocène [1] a vu la disparition successive d’un ensemble de grands mammifères appelé mégafaune [2]. Il s’agit d’une extinction générale, s’étendant de l’Eurasie au Nouveau Monde, et dont les raisons demeurent obscures. Le climat et l’être humain sont les deux causes potentielles probables. Pour le premier, on invoque surtout les épisodes glaciaires, pour le second la chasse intensive. S’il est difficile de trancher jusqu’à présent, une responsabilité avérée de l’homme moderne dans ces extinctions montrerait que notre espèce aurait eu un impact sur la nature très tôt dans son histoire. Une étude récente [3] vient jeter un pavé dans la mare en concluant que si l’être humain a pu contribuer à ces disparitions en fragilisant les populations animales, le climat semble être le facteur déterminant.

Le climat de cette période (fin du Pléistocène entre -56 000 et -12 000 ans) est marquée par un enchaînement de 15 réchauffements rapides de la température mondiale (appelés épisodes interstadiaires) suivis de refroidissements tout aussi rapides (épisodes dits stadiaires), entrecoupés de périodes au climat plus stable. On appelle ces variations les oscillations Dansgaard–Oeschger (DO). Pour comprendre l’impact du climat, il est nécessaire de placer ces fluctuations climatiques sur une échelle temporelle identique à celle les données génétiques et paléontologiques correspondants aux transitions fauniques et de tenter d’établir (ou d’infirmer) une corrélation entre les deux.

Or, ces deux séries de données présentaient jusqu’à récemment des écarts pouvant aller jusqu’à 1000 ans, ce qui proscrivait toute comparaison digne de ce nom. En combinant plusieurs séries de données disponibles, les chercheurs ont pu réduire l’incertitude temporelle sur les événements climatiques et les disparitions d’espèces [3], rendant ainsi possible leur confrontation. Les résultats montrent qu’il existe une très forte corrélation entre les réchauffements rapides et les transitions mégafauniques, et une forte corrélation avec les refroidissements rapides. Les corrélations sont particulièrement prononcées pour les épisodes interstadiaires courts.

DO-Oscillations - Climat
Évolution du climat tel que mesuré à partir de la concentration de 18O. Le paramètre δ18O (en pour mille) est corrélé à la température. On observe clairement les épisodes stadiaires et interstadiaires.

De telles corrélations suggèrent que les variations rapides du climat représentent un facteur essentiel à l’origine de la disparition globale de la mégafaune [3]. Cette conclusion est en accord avec d’autres observations antérieures, notamment le fait qu’il n’y a pas eu d’extinction au cours du dernier maximum glaciaire (-23 000 – -19 000 ans), une période certes froide, mais relativement stable [4].

Ces variations du climat se sont traduites par des bouleversements de la température et des précipitations, ce qui n’a manqué de perturber la survivance des populations. Ces perturbations ont pu aussi avoir une amplitude et des conséquences différentes selon les régions. Certaines espèces adaptées aux conditions froides comme le mammouth et le rhinocéros laineux ont pu avoir maille à partir avec des périodes de réchauffement rapides (interstadiaires), tandis que les espèces adaptées au climat plus chaud comme le cerf géant ont pu être mises à mal lors des périodes stadiaires.

Plusieurs observations empêchaient déjà de conclure avec assurance que l’être humain était le facteur déterminant dans l’extinction de la mégafaune. Premièrement, le fait que certaines espèces ont disparu dans certaines régions avant que la présence humaine ne soit attestée. Ensuite, le fait que des espèces se sont éteintes dans l’ouest de l’Eurasie après les extinctions ayant eu lieu dans le Nouveau-Monde, malgré une exposition plus longue à la présence humaine en Eurasie.

Néanmoins, la population humaine pourrait avoir quand même eu un impact négatif significatif sur la mégafaune, en particulier par la chasse et la modification et la fragmentation des habitats. L’être humain pourrait ainsi avoir exacerbé les effets néfastes du climat.

Notes et références

[1] Le Pléistocène est une époque géologique couvrant la période allant de -2,6 millions d’années à -12 000 ans.

[2] La mégafaune désigne des animaux de grande taille (poids supérieur à 45 kg) tels que le rhinocéros laineux, le mammouth, le castor géant, le lion américain, le cerf géant, etc., incluant l’Homme de Neandertal.

[3] A. Cooper et coll. Abrupt warming events drove Late Pleistocene Holarctic megafaunal turnover, Science (2015) 349 602.

[4] Une hypothèse rappelée dans l’article ci-dessus repose sur l’idée que des températures froides auraient conditionné la disparition de la mégafaune, une hypothèse remise en cause par la présente étude.

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2 Commentaires

  1. Vous avez oublié la virgule au [1]. Le pléistocène ne commence pas à -26 millions d’années mais plutôt à -2,6 millions d’années.

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