Les épisodes caniculaires auxquels on a assisté cet été à travers le monde se produisent plus tôt qu’anticipé par les scientifiques. Des travaux sont nécessaires afin d’affiner les modèles climatiques et prévoir la fréquence et l’intensité des canicules de manière plus robuste.
Les diverses canicules de l’été 2022 en Europe, au Japon, en Chine et en Amérique du Nord ont frappé l’imaginaire : record absolu battu au Royaume Uni avec une température dépassant 40 °C, neuf jours consécutifs au-dessus de 35 °C à Tokyo et série de vagues de chaleur en Chine dont une en août qui a frappé 400 municipalités. À cela s’ajoute l’effet amplifiant des canicules sur les feux de forêts comme en ont subi la France, l’Espagne et la Grèce cette année.
On se rappellera que l’année dernière, la ville de Lytton au Canada faisait la manchette à travers le monde avec son record absolu au pays, établi à 49,6 °C. C’est aussi la température la plus élevée mesurée au nord du 45e parallèle.
Les scientifiques ne s’attendaient pas à ce que de tels extrêmes de températures se produisent si tôt. Les modèles climatiques prévoient depuis longtemps l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes caniculaires du fait du réchauffement planétaire, mais les maximas de température observés dans les dernières années sont inattendus. Par exemple, des températures dépassant 40 °C en Angleterre étaient bien anticipées, mais pour les prochaines décennies, pas pour aujourd’hui. Il y a des aspects dans l’occurrence des vagues de chaleur qui échappent aux modèles climatiques.
La science progresse pourtant. Une étude parue en 2022 montrait, et expliquait, pourquoi l’Europe pouvait dorénavant être considérée comme un point névralgique pour les canicules. On se rappelle notamment de la canicule de 2003 qui avait fait environ 70 000 morts. Le risque de température extrême est 3-4 fois plus grand pour l’Europe que pour les régions équivalentes aux mêmes latitudes. La raison a son origine dans une modification de la circulation atmosphérique.
Une autre réalité que les modèles ne parviennent pas à prédire est l’occurrence simultanée de plusieurs vagues de chaleur extrêmes à travers le monde comme on l’a observé en 2022 par exemple. La modification des patrons de circulations atmosphériques pourrait bien être en cause.
Les travaux vont devoir essayer de mieux décrire les facteurs qui favorisent les vagues de chaleur. Il s’agit d’un objectif d’autant plus complexe, qu’en plus des effets liés à la modification de la circulation atmosphérique (dôme de chaleur), il faut tenir compte de facteurs plus locaux comme le type d’utilisation des terres ou la présence d’irrigation.
Source : Extreme heatwaves: surprising lessons from the record warmth https://www.nature.com/articles/d41586-022-02114-y