lundi, décembre 30, 2024

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Des zones trop chaudes pour y demeurer dès 2070

Les records de température observés cette année à divers endroits de la planète montrent que la température mondiale poursuit sa hausse. À terme, les risques que certaines localités ou certaines régions deviennent temporairement inhabitables s’accentuent. Un article paru en 2018 dans la revue science prévoyait que dès 2070 certaines zones de la Chine seraient trop chaudes l’été pour que les résidents puissent survivre à l’extérieur.

L’Europe et les États-Unis sont frappés cette année par des canicules extrêmes. Au Canada, on se souviendra du record de 49,6 °C de l’année dernière à Lytton, nouveau symbole canadien du réchauffement climatique. De telles températures font craindre que certains endroits de la planète ne soient plus vivables, au moins certaines périodes de temps.

 

En effet, l’organisme des êtres humains ne peut pas résister à la chaleur au-delà d’une certaine limite. Quand la combinaison de la température et de l’humidité sont trop élevés, le corps humain ne peut plus évacuer la chaleur, de sorte que la température corporelle grimpe au point où la personne décède. Cette température limite vaut 35 °C selon une échelle de température dite du « thermomètre mouillé » (que l’on notera Tw). Un être humain ne pourrait survivre plus de six heures dans ces conditions. Pour donner une image, cette échelle de température ressemble à la température qui inclut le facteur Humidex.

Une étude précédente avait montré qu’en 2008 toutes les zones de la planète restaient bien en deçà de cette température limite de 35 °C, la température maximale Tw atteinte selon cette échelle ne dépassant pas 30-31 °C. Ces travaux montraient également que si la hausse de la température moyenne de la Terre atteignait et dépassait 4 °C, plusieurs régions de la planète atteindraient cette température limite de 35 °C.

Les auteurs de la présente étude [1,2] se sont intéressés à une région de la Chine qui subit déjà de fortes canicules et qui est caractérisée par de nombreuses rizières. L’irrigation des rizières induit des conditions d’humidité particulières à l’environnement local. La présence d’eau a tendance, d’une part à diminuer la température de la surface par évapotranspiration, d’autre part à l’augmenter car la présence accrue de vapeur d’eau augmente l’effet de serre. Le bilan local est une légère augmentation de la température par l’irrigation, mais les auteurs montrent que cet effet est faible devant les effets du réchauffement anthropique planétaire pour la période 2070-2100.

Si on utilise des scénarios d’émissions de GES où l’humanité continue sur la voie actuelle (scénario business as usual, dit « RCP8.5 »), cette région attendrait et dépasserait à plusieurs reprises la température limite Tw de 35 °C sur la période considérée. Même en utilisant un scénario de réduction des GES modéré (scénario RCP4.5), la température Tw atteint encore la température critique ou s’en approche dangereusement.

Il est assez incroyable, fascinant et désolant d’imaginer que des zones terrestres pourraient très prochainement devenir physiologiquement invivables pour certaines périodes de temps. Cette perspective vient de nous faire franchir un cap conceptuel dans l’effet du réchauffement climatique.

Évidemment, la fréquence et la durée de ces épisodes, de même que le nombre de régions touchées, vont augmenter avec le temps (c’est-à-dire avec le réchauffement). Si l’on ne fait rien, l’inhabilité sur la Terre s’étendra.

Il faut aussi considérer que le critère Tw de 35 °C est théorique et ne s’applique de la même manière à tou(te)s : selon leur condition physique, psychique ou génétique, les individus pourraient succomber à des conditions de température et d’humidité moins extrêmes.

Comme mentionné dans un article du journal Ouest France [3], il faudra peut-être mettre à disposition dans les régions touchées des bâtiments climatisés pour pouvoir se réfugier… Une panne électrique deviendrait fatale, à moins d’avoir des générateurs de secours. Ceci n’est pas sans rappeler les recommandations aux personnes sensibles d’aller dans les centres d’achats lors des épisodes caniculaires.

Mais, comme la situation climatique ne s’améliorera pas à long terme (plusieurs siècles) à cause des émissions de GES passées, il serait peut-être plus sage d’abandonner carrément ces zones, tout au moins quelques mois par années. On peut donc s’attendre à ce qu’on assiste à une immigration environnementale qui s’ajoutera à celles déjà en cours pour diverses raisons (pollution du sol et des rivières, érosion des sols, désertification, inondations, hausse du niveau des océans).

Ainsi donc, si rien n’est fait pour réduire radicalement les émissions mondiales de GES, il faut s’attendre à ce que des aires des terres émergées terrestres deviennent inhabitables d’ici quelques décennies, que cette situation empire, et que les populations les désertent.

Sources

[1] Damian Carrington, Unsurvivable heatwaves could strike heart of China by end of century, The Guardian, 31 juillet 2018 https://www.theguardian.com/environment/2018/jul/31/chinas-most-populous-area-could-be-uninhabitable-by-end-of-century

[2] (Étude originale) Suchul Kang & Elfatih A. B. Eltahir, North China Plain threatened by deadly heatwaves due to climate change and irrigation, Nature Communications 9 (2018) 2894 https://www.nature.com/articles/s41467-018-05252-y ;

[3] La grande plaine de Chine risque de devenir une fournaise inhabitable, Ouest France, 2 août 2018 https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/28079/reader/reader.html?_escaped_fragment_=preferred/1/package/28079/pub/40684/page/6

 

 

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