Depuis l’émergence de la sédentarisation, de l’agriculture, de la poterie et de la navigation, l’influence de l’Homo sapiens sur son environnement n’a cessé de croître. Hormis peut-être celles des communautés de chasseurs-cueilleurs donc, toutes les activités humaines, ont un impact sur la nature. Cette assertion va de soi, mais rien de tel que quelques détails pour mieux s’en convaincre et qu’une tentative de classification pour mieux en appréhender la portée. Ainsi, l’action humaine, en tant que cause de la dégradation de l’environnement, peut pour simplifier être divisée en cinq activités principales :
- Le prélèvement des ressources
- La fabrication de biens
- Le transport des biens et des personnes
- L’agriculture & l’élevage
- L’urbanisation
- La production et consommation d’énergie
Les effets directs de ces activités sur l’environnement peuvent être regroupés selon trois types principaux :
- L’épuisement des ressources
- La destruction des habitats
- La pollution
Ces conséquences environnementales « primaires » sont à la base des diverses crises environnementales (rassemblées ici sous le terme de crise écologique mondiale), notamment l’érosion de la biodiversité, les changements climatiques, l’acidification des océans, la déforestation, la détérioration des sols, etc. (ces différentes crises seront détaillées plus bas). À des degrés divers, chacune des activités anthropiques énumérées ci-dessus contribuent à aggraver ces trois types de détériorations primaires de l’environnement, comme synthétisé ci-dessous :
Prélèvement des ressources
L’activité de prélèvement des ressources est évidemment directement à l’origine de l’épuisement des ressources et elle alimente tous les autres types d’activités humaines détaillées ci-après. Les matières premières peuvent être de sources inertes (inorganiques ou fossilisées), mais certaines sont issues de ressources vivantes sauvages. Les ressources utilisées dans les sociétés sont innombrables parmi lesquelles on compte :
- l’eau douce (usages domestiques, industriels et agricoles)
- les minerais : charbon, soufre, phosphate, métaux alcalins (lithium, potassium, etc.) métaux de transition (or, argent, nickel, titane, zinc, fer, cobalt, etc.), métaux pauvres (aluminium, plomb, gallium, indium, étain, bismuth, etc.), terres rares (lanthanides) et actinides (uranium, plutonium, etc.)
- les hydrocarbures (pétrole, gaz naturel) de source conventionnelle ou non (shales pétrolifères et gazifières), exploités sur terre ou offshore (secteur énergétique, transport et industrie du plastique)
- la faune & la flore sauvages, notamment en alimentation (chasse, pêche en eau douce et en mer, cueillette de fruits, plantes et champignons), habillement (cuir, fourrures, fibres, etc.), habitation (bois), pharmaceutique (plantes indigènes), loisirs (ivoire, animaux exotiques).
Cette description n’est de toute évidence pas exhaustive, mais elle permet d’appréhender la variété et l’ampleur des ressources utilisées par les sociétés actuelles. Si la surexploitation conduit inéluctablement à la pénurie de ressources, cette activité nécessite par ailleurs la destruction des habitats, notamment pour mettre en place les infrastructures d’extraction proprement dites (mines, puits de forage) et de transport des matières premières (réseaux routier ou ferroviaire, lignes électriques, gazoducs, oléoducs, etc.). Les activités de prélèvement, en particulier les mines, sont également à l’origine de pollutions chroniques ou accidentelles (j’entends par là causant des accidents) et nécessitent de réhabiliter les sites après épuisement de la ressource.
Fabrication de biens
La fabrication de biens est évidemment approvisionnée par les activités de prélèvement (secteur de transformation des matières premières). Elle concerne la totalité des produits manufacturés de nos sociétés, des appareils électriques et électroniques aux produits pharmaceutiques et médicinaux, en passant par les communications, l’industrie automobile, l’industrie du textile, du plastique, du livre et du disque, du meuble, la sidérurgie, la cimenterie, la joaillerie, etc. La fabrication de biens requièrent des infrastructures (usines), des matières premières et de l’eau (voir les conséquences ci-dessus), de l’énergie (voir les conséquences ci-dessous) et génèrent de multiples déchets au cours des procédés de transformations. Selon la législation en vigueur, les déchets ou une partie des déchets peuvent être recyclés ou valorisés, voire détruits ou entreposés adéquatement. Certains déchets issus de l’industrie peuvent aussi être la source d’une pollution de l’environnement accidentelle (industrie chimique par exemple) ou chronique (les cas sont légions).
Transport
Le transport inclut le transport routier (moto, voiture, camion), fluvial, maritime et aérien. Qu’il soit utilisé pour des raisons professionnelles ou pour le loisir, le transport est une des causes directes de la pollution de l’atmosphère (émissions de CO2, d’aérosols, oxydes d’azote, etc.), de la destruction des habitats (construction de réseau routier, ferroviaire et aérien) et de l’épuisement des ressources (combustibles fossiles). Par ailleurs, la fabrication des véhicules automobiles, bateaux et avions a une empreinte écologique comme la production de tous les autres biens de consommation tel que décrit ci-dessus.
L’agriculture & l’élevage
L’agriculture et l’élevage sont directement responsables de la majorité de la destruction des habitats (changement de vocation des terres), surtout du fait de la déforestation, et dans une moindre mesure par le pâturage. Il est à noter qu’une partie des terres agricoles n’a pas pour objectif direct l’alimentation humaine mais est dédiée à la culture de céréales pour l’alimentation du bétail. De plus, depuis quelques années, une partie des cultures alimente le secteur du transport pour produire des biocarburants (colza, soja, canola). L’agriculture et l’élevage sont par ailleurs deux activités responsables de la pollution du sol et des rivières (pesticides, engrais) et de l’épuisement des ressources (eau, phosphore). Comme on l’a vu ci-dessus, le prélèvement de la faune et de la flore sauvage pour l’alimentation contribue également à l’épuisement des ressources naturelles.
Urbanisation
L’urbanisation est une des grandes caractéristiques des sociétés modernes, en particulier l’expansion des mégapoles. Les villes (bâtiments, maisons et routes) s’implantent en lieu et place d’espaces naturels, et représentent ainsi une source majeure de destructions des habitats (forêts, prairies, etc.). Nombre de villes à population élevée se concentrent le long du littoral, menaçant ainsi les écosystèmes côtiers. Par ailleurs, les citadins utilisent des biens manufacturés (pour l’intérieur, l’habillement, les communications, les loisirs, etc.), des ressources (eau et énergie) et génèrent des déchets domestiques.
Production et consommation d’énergie
L’industrie énergétique inclut ici tous les types d’énergies : renouvelables (énergies éolienne, hydrolienne, marémotrice, hydro-électricité, géothermie, solaire, biométhane et biodiesel) et non renouvelables (charbon, pétrole, gaz, nucléaire). Ces dernières contribuent directement à la pénurie de ressources. Tous les types d’énergie requièrent des installations, donc détruisent les habitats. C’est particulièrement vrai pour la production d’énergie hydroélectrique qui nécessite de « noyer » de larges bandes de terres qui bordent la rivière en amont du barrage. Comme mentionné ci-dessus, c’est également le cas pour la production de biodiesels pour laquelle des terres agricoles sont réquisitionnées pour faire pousser des céréales. Les installations énergétiques nécessitent par ailleurs l’utilisation de matières premières dont les conséquences ont été vues ci-dessus. La phase d’exploitation est également une source de pollution chronique (fuites dans les puits de shales gazifières ou rejets des centrales nucléaires par exemple) ou accidentelle (fuites et accidents dans les centrales nucléaires, dans les plateformes pétrolifères). Le secteur énergétique demande aussi le transport de la matière première ou de l’énergie électrique transformée du site de génération au site de consommation, représentant ainsi une autre source de destruction des habitats et une source potentielle, parfois avérée, de pollution chronique ou accidentelle (fuites dans les oléoducs, marées noires). À des degrés de dangerosité divers, le secteur de l’énergie génère des déchets qu’il faut traiter ou stocker (énergie nucléaire, gaz de schiste). C’est également un secteur qui contribue à la pollution par combustion lors de l’utilisation (énergies de source fossile, biodiesels).
j’ai le texte, il est bon. très prochainement, je vous envoie un texte sur la causalité entre l’accélération de la pression humaine sur les ressources forestières et une période d’insécurité politico-militaire et économique. cas de la ville de Kisangani en RD Congo.
compliments
Merci pour cet article qui a le mérite d’etre clair et structuré!
Merci !
Le cas d’une zone d’exploitation de nickel et de cobalt à Madagascar plus exactement à Ambatovy, Moramanga est suspect car il y a trop de nuage légèrement rouge qui contourne le ciel environnante de cette ville. Comme dans tous les pays pauvres tout est permis sans être vue c’est à dire une surexploitation minière des sociétés douteux étrangères qui s’installent en accord avec une minorité de décideur sans l’aval ou le consentement de la population locale qui d’ailleurs n’ont pas été évacué. Cette guerre est entre les pays pauvres et les grandes puissances Impérialistes qui ne cessent d’oppresser indirectement une population considérée comme ignorante car c’est surtout l’exploitation de la matière précieuse « platine » qui est mise en jeu là dedans. Que ce peuple de Madagascar ouvre une enquête implorée « Ephatha » afin que la vérité soit révélée à la Nation Malgache.
Merci de votre commentaire. Ce que vous racontez ressemble fort à ce que dénonce Alain Deneault dans le livre « Noir Canada » aux éditions Écosociété : https://ecosociete.org/livres/noir-canada