vendredi, avril 19, 2024

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Rapport du GIEC : quoi retenir ?

Le premier volet du rapport du GIEC relatif à la science du climat et aux répercussions climatiques des activités humaines vient d’être publié. Cette parution fait suite à la discussion et à l’approbation par les États du « résumé pour les décideurs », l’étape ultime du processus de rédaction permettant sa diffusion officielle. Le résumé pour les décideurs constitue un excellent moyen de connaître les faits saillants concernant notre climat.

Cette nouvelle mouture du rapport, le sixième depuis 1990, lance un ultimatum à l’ensemble des sociétés : après plus de 30 années de tergiversations éludant la nécessité de rendre nos activités compatibles avec les limites de la nature, nous n’avons plus d’autres choix que d’entreprendre toutes les réformes économiques, sociales et politiques qui seront nécessaires pour éliminer rapidement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Si l’inaction se poursuit, le climat deviendra plus instable, les événements météorologiques extrêmes s’accentueront, et on peut présumer qu’ils atteindront des niveaux insoutenables en termes sanitaires, sociaux et économiques.

Car le rapport contient sans doute l’image la plus claire du fonctionnement du climat et de la manière dont les activités humaines l’affectent. Ainsi, les relations entre le réchauffement et ses conséquences comme les événements météorologiques extrêmes se précisent en termes quantitatifs. En se basant sur cette science plus étayée, et malgré les incertitudes qui persistent, les modèles climatiques s’affinent, permettant d’établir des scénarios d’émissions futures et de prévoir les impacts avec plus de précision.

Une des conclusions majeures du rapport est que les modifications climatiques observées sont considérables, rapides et vont en s’intensifiant, du jamais vu depuis plus de 2 000 ans (voyez le résumé en chiffres). Le niveau de dioxyde de carbone atmosphérique (CO2) est quant à lui inédit au regard des deux derniers millions d’années.

La science se précise également à l’échelle régionale. Les transformations actuelles et les prévisions sont connues avec plus de précisions. Si toutes les régions sont affectées, elles le sont de manière différente. On sait par exemple que les hautes latitudes, notamment le Canada, seront particulièrement affectés. Une carte interactive permet ainsi de visualiser les impacts selon les différents scénarios d’émissions de GES. Il s’agit d’un outil utile pour les décideurs qui permet de mieux cibler leur action.

Les liens entre les événements extrêmes sont également de mieux en mieux corrélés avec les modifications induites par l’action humaine. Ainsi, chaque augmentation de 0,5 °C peut être associée à une augmentation chiffrée de l’intensité et/ou de la fréquence des vagues de chaleur, des sécheresses et des précipitations intenses. Ces transformations relèvent des lois de la physique.

Dans des propos rapportés par le journal Nature, Mme Maisa Rojas, une des autrices du rapport, a une formule qui frappe : « chaque degré [d’augmentation] compte ». Il s’agit selon elle d’une « idée puissante » car elle implique que « l’avenir est entre nos mains ». Mme Rojas pense ainsi qu’il est toujours possible de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Cette capacité de pouvoir encore influer sur l’avenir climatique constitue d’ailleurs d’une des conclusions importantes du rapport, une affirmation pouvant susciter l’optimisme.

De la même manière, le niveau de réchauffement, et donc de bouleversement climatique, dépend directement de l’accumulation de GES dans l’atmosphère. Autrement dit, le destin climatique est lié au niveau de GES que nous émettons. On peut ainsi quantifier le niveau de réchauffement et les quantités de GES restant avant de l’atteindre. On appelle cette quantité le budget de GES restant. Autrement dit, il ne nous reste qu’une certaine quantité de GES à émettre si on ne veut pas dépasser une hausse de la température de 1,5 ou 2 °C. Ensuite, tous les pays devront rester carboneutres.

Cependant, même si nous réussissons à atteindre ces cibles et limiter nos émissions, il n’est pas exclu que l’on franchisse des seuils qui faillent que s’enclenchent des phénomènes irréversibles ou des transformations abruptes du système climatique. La science n’a aucune certitude à ce sujet. De tels phénomènes mettraient en péril le fonctionnement des sociétés, qui devraient alors tenter de s’adapter à des transformations rapides et menaçantes.

Ce rapport constitue donc un avertissement pour la classe politique et les populations concernant les risques que nous courons et sur la nécessité de réduire nos émissions de manière draconienne. Il appelle à une transformation majeure et rapide de nos modes de vie, de production et de consommation. Au-delà de l’alarme lancée vis-à-vis de la situation climatique, le GIEC nous rappelle que nous avons encore une capacité d’action, mais que la marge de manœuvre est extrêmement restreinte…

Voir également les principaux chiffres et les prévisions pour le climat futur.

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