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Un vœu pour 2014 : devenir des citoyens du monde

Chers lectrices et lecteurs de Planète viable, permettez-moi de vous souhaiter une excellente année 2014. Qu’elle soit d’abord marquée pour vous et vos proches par une santé de fer ; tout le reste pourra alors fleurir, prospérer ou être résolu.

Il est de bon ton au début de chaque nouvelle année de prendre des résolutions ou d’exprimer des souhaits. En cette année 2014, je me plierai moi aussi à la tradition dans un cadre écologique, et je nous souhaite à toutes et tous, partout sur la planète, de devenir des citoyens du monde, mais dans un sens différent de l’acception habituelle…

Comme son nom l’indique, le « citoyen du monde » désigne d’ordinaire une personne qui n’a pas qu’une patrie, celle où elle est née, mais pour qui chaque pays visité, chaque pays où il s’installe, devient son « chez lui ». Habituellement, le citoyen du monde réalise que les individus ont les mêmes joies, les mêmes peines et les mêmes besoins ailleurs que chez nous, que les gens sont aussi bienveillants et accueillants, et que l’on s’enrichit à les côtoyer. Ailleurs aussi, on trouve des gens biens ! Alors, pour un citoyen du monde, les frontières étatiques n’existent pas vraiment. Le monde ne fait qu’un.

Le citoyen du monde voyage. Parfois, il parcourt le monde, tel un globe-trotter. Cette réalité est aujourd’hui facilitée par l’efficacité des transports, de sorte que la Terre rapetisse virtuellement et devient une espèce de grand village. Cette finitude de la Terre s’impose tellement que l’espèce humaine est littéralement en train d’atteindre, par ses activités, les limites des ressources de la planète et de modifier les processus biophysiques et biogéochimiques qui gouvernent son fonctionnement, compromettant de fait le bien-être de l’espèce humaine, voire sa viabilité sur la Terre, ainsi que j’en faisais état dans un article précédent.

Comme on le sait maintenant, chaque achat, chaque gaspillage, chaque indolence de nos contemporains et de nous-mêmes, contribuent un peu plus à la dégradation de l’environnement terrestre. Les gestes sont individuels, localisés, mais les impacts dépassent l’échelle locale. Nous réalisons de plus en plus qu’ils sont aussi globaux. C’est le cas par exemple des gaz à effet de serre qui sont émis à des endroits précis mais qui ont des effets planétaires. C’est également le cas de la pollution émise par les activités des pays « riches » (riches de quoi ?) et industrialisés mais qui parviennent et affectent des populations situées à des milliers de kilomètres du lieu d’émission, des populations dont le mode de vie a une empreinte écologique faible.

La Terre est donc bien un village global : nos gestes, aussi insignifiants soient-ils – en fait, on se persuade qu’ils le sont -, ont un impact sur les autres populations aux quatre coins de la planète. Nous devons réaliser que nous ne sommes pas seuls : nous sommes des citoyens du monde et avons une influence planétaire. Qu’on l’accepte ou non, nous faisons tous partie de la même humanité, restreints que nous sommes à notre seule planète, et nous devons nous prémunir les uns les autres des transformations terrestres qui mettent l’humanité à risque, et les stopper. C’est le nouveau sens de la locution citoyen du monde.

Cette constatation a conduit Tim Jackson, professeur de développement durable à l’Université du Surrey en Angleterre, Directeur du ESRC Research Group on Lifestyles, Values and Environment et auteur de « Prospérité sans croissance » [1] à faire un pas de plus à l’occasion d’une session sur « l’économie verte » du Forum sur la Science, la technologie et l’innovation pour le développement durable à Rio en juin 2012, et de prononcer ces mots marquants et si pertinents [2] : « l’économie a encouragé le bien-être personnel, l’économie verte doit nous encourager à penser au bien-être des autres ».

Voilà la phrase clé ! Nous ne pouvons tout simplement plus vivre et penser seulement à notre petite personne sans nous soucier des effets écologiques de nos actions ; nous devons maintenant vivre tout en pensant au bien-être du reste de la planète. Et si vous le voulez bien, pas uniquement au plan environnemental. C’est un devoir qui nous incombe d’autant plus, à nous, habitants des pays développés, qui nous sommes enrichis monétairement et matériellement au dépend de l’environnement mondial depuis 250 ans.

En ce sens, chacun de nos gestes compte. Mais il faut faire plus. La situation réclame dorénavant de l’engagement. Pour le citoyen du monde, l’égoïsme, la complaisance ou la paresse ne peuvent plus être de mise. Pour lui, la viabilité de l’humanité sur la Terre passe dorénavant par le respect, l’altruisme et la bienveillance écologique et fraternelle envers autrui. Le citoyen du monde a les moyens d’agir quotidiennement en ce sens.

Références

[1] Tim Jackson Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable (2010) De Boeck, Bruxelles.
[2] Forum sur la Science, la technologie et l’innovation pour le développement durable (2012) Rio http://www.icsu.org/rio20/science-and-technology-forum ; Compte rendu du Forum sur le site de l’Institut en environnement, développement et société http://www.ihqeds.ulaval.ca/fileadmin/fichiers/fichiersIHQEDS/Rio_20/Forum_STI_Manchette-Complet.pdf

 

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