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Le rôle de l’ONU dans le réduction de l’impact mondial

La gouvernance internationale est déterminante pour réduire l’empreinte écologique mondiale. À ce titre, l’Organisation des nations unies (ONU) est l’Interlocuteur clé pour guider le dialogue entre nations. En matière d’environnement et de développement durable, l’ONU est constituée de divers organismes spécialisés. Notons notamment le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, ou UNEP en anglais) et, récemment fondée, la Plateforme de haut niveau pour le développement durable (HLPF) qui est notamment responsable de la mise en place des Objectifs du développement durable (ODD). L’ONU comporte également d’autres organisations reliées à l’environnement telles que l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), l’Organisation mondiale pour la santé (WHO) et l’Organisation météorologique mondiale (WMO).

En 1992, à Rio, à l’occasion de la Conférence des nations unies sur l’environnement et le développement (Sommet planète Terre), trois Conventions ont été créées, soit la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention sur la diversité biologique (CNUDB) et la Convention sur la lutte contre la désertification (CNULD). Ces conventions font l’objet de négociations entre les États afin d’atténuer les conséquences de ces crises écologiques. L’ONU s’occupe également de la lutte contre l’appauvrissement de la couche d’ozone, la gestion des forêts et des ressources halieutiques.

Le travail réalisé par les instances de l’ONU est remarquable et force l’admiration. Le personnel qui y œuvre travaille d’arrache-pied et déploie des efforts colossaux pour inciter les nations à protéger la planète et, afin d’y parvenir, à transformer la société. Elle est aussi reconnue pour tenter d’éradiquer la pauvreté, la faim dans le monde et promouvoir l’accès à tous à une eau potable de qualité. L’ONU est et a toujours été un lieu privilégié pour l’émulation d’idées d’avant-garde en matière d’environnement, de viabilité de notre monde et de justice. La notion de développement durable, apparue en 1987 dans le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, intitulé « Notre avenir à tous » (Our Common Future) et rédigé par Gro Harlem Brundtland, en est l’exemple par excellence [1].

Malheureusement, les efforts déployés depuis près 40 ans (depuis la Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm en 1972) ne sont pas à la hauteur des attentes. La première difficulté consiste à obtenir des consensus des nations autour d’objectifs communs. Les pays voient souvent ces accords éventuels uniquement sous l’œil économique et sont souvent très méfiants voire réticents à l’égard de leurs implications sur leur économies intérieures. Les intérêts des pays sont aussi très divergents. Les PED n’ont pas les mêmes priorités ou contraintes que les pays du Nord ou les pays du BRICS, les niveaux de vie et les contextes socioéconomiques étant parfois très différents, sinon opposés. Par suite, les consensus sont extrêmement difficiles à obtenir.

La situation est complexifiée du fait que personne ne veut vraiment assumer la responsabilité de la situation environnementale mondiale. Ce sujet est particulièrement sensible pour le réchauffement planétaire. Alors que les pays occidentaux ont une responsabilité historique évidente [2], les pays émergents ont une empreinte écologique qui, si elle était faible jusqu’aux années 50, s’accroît, est devenue significative aujourd’hui, et commence même à égaler celle des pays riches. C’est ainsi que la Chine est devenue le plus gros émetteur de GES devant les États-Unis (en absolu mais pas per capita).

L’ONU cherche à faire reconnaître la responsabilité de chacun en prenant en compte la réalité historique des émissions. Pour ce faire, elle utilise la notion de « responsabilité commune mais différenciée ». Dans les faits, ce principe implique que les pays occidentaux sont assujettis à des engagements plus conséquents que les autres pays et qu’ils doivent aider financièrement les autres pays à atteindre les objectifs fixés par les ententes. En effet, un des premiers impondérables à considérer est le droit au développement des PED. Autrement dit, la réduction de leur impact ne doit pas être un frein à leur développement. Ce droit fait donc en sorte qu’on ne peut pas demander aux PED le même effort qu’aux pays riches, surtout que les premiers manquent parfois de ressources financières. Néanmoins, au vue de la situation critique de la planète, ces pays doivent malgré tout eux aussi limiter leur empreinte écologique.

Jusqu’à présent, la responsabilité commune mais différenciée s’est faiblement concrétisée dans des accords car les pays riches estiment, mais ne l’avouent pas ouvertement, que l’effort qu’on leur demande nuirait à leur économie. Dans le même temps, il semble que certains pays émergeants comme la Chine et l’inde se cachent derrière la mauvaise volonté des pays riches, par exemple le fait que les États-Unis et le Canada ont continué d’augmenter leurs émissions de GES depuis 1990, pour ne pas s’engager dans un programme avec des cibles contraignantes. Il va donc falloir que les pays riches, et notamment l’Amérique du Nord et l’Australie, les plus gros pollueurs par habitant, fassent preuve de bonne volonté. En effet, l’Union Européenne (UE) fait figure de premier de classe en matière de réduction des GES.

Malgré tant de divergences, et dans le but de faire bonne figure aux yeux des populations, les États finissent quand même par s’entendre au gré des rencontres sur les différents enjeux négociés sous l’égide de l’ONU. On n’obtient cependant que des consensus mous, voire flasques : les textes des accords sont la plupart du temps alambiqués, ils n’imposent aucunes contraintes, et par conséquent, sont passablement inefficaces. Mais ils sont très gentillets : tout le monde affiche une bonne volonté apparente. Cependant, ces accords reflètent une bonne part d’hypocrisie car le minimum de compromis est concédé par chacun. La 15e Conférence des Parties sur le Climat (COP15) à Copenhague en 2009 et le Sommet de la Terre à Rio en 2012 en sont deux exemples récents typiques, deux événements onusiens très attendus mais qui n’ont pas eu les issues espérées.

Un réel succès semblait avoir a eu lieu avec le Sommet de la Terre de Rio de 1992 et la signature des 3 conventions et d’une volonté affichée de protéger la nature. Un certain espoir que le monde allait enfin changer avait même gagné les participants et une partie des environnementalistes de la planète, mais les espoirs, comme on le sait, ont été déçus par la suite. On a aussi noté parfois certains gains importants, tout au moins sur papier, comme par exemple la signature d’un accord considéré comme remarquable à l’issue de la 10e Conférence des Parties sur la diversité biologique en 2010 ou l’amélioration de la situation vis-à-vis du « trou » de la couche d’ozone. On ne peut mettre en doute l’utilité de telles ententes, mais on doit aussi constater qu’elles ne réussissent pas à transformer radicalement la société et améliorer l’état planétaire. La faute n’en incombe évidemment pas à l’ONU, mais force est de constater sa faible capacité à unifier la position des États et à convertir les ententes et les traités en réelle atténuation de l’impact humain.

L’échec des négociations sur l’atténuation des changements climatiques et à la mise en place d’une économie réellement verte, pose nécessairement la question de l’efficacité des méthodes de négociations onusiennes et de la nécessité d’une réforme du fonctionnement de l’ONU. Or, nous avons hérité d’une organisation issue du dénouement de la seconde guerre mondiale et qui ne reflète plus la réalité du monde actuelle. En plus d’aboutir souvent à des situations bloquées qui empêchent la résolution de problèmes majeurs, le fait que 5 pays possèdent un droit de vote alors que les autres en sont privés a donné naissance à une situation tout à fait inégale et totalement déconnectée de la réalité géopolitique actuelle. Malheureusement, l’existence de ce droit de veto interdit pour l’instant toute réforme digne de ce nom, les pays qui en dispose n’étant pas prêts à perdre ce pouvoir.

Notes et références

[1] G. H. Brundtland, « Our common future » World Commission on Environment and Development, (1987) http://www.un-documents.net/our-common-future.pdf, consulté le 6 octobre 2015.

[2] C’est suite à la révolution industrielle qu’ont connu les pays du Nord, au développement économique et à leur enrichissement qui ont suivi, que la dégradation environnementale est devenue problématique

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